On ne connaît la loi que lorsque les gens l'enfreignent.
Boris Vian
Il y a des idées simples qui ont besoin pourtant d’être rappelées : c’est le cas de l’utilité du crime.
Durkheim n’a pas cessé de le dire : le crime est non seulement un phénomène statistiquement normal, mais encore il est utile.
Normal, parce qu’il y aura toujours des hommes qui refuseront la contrainte.
Utile, parce que nous ne prenons conscience de l’obligation d’obéir aux lois que lorsque nous voyons les délinquants être punis de l’avoir fait. Sans eux, la loi tomberait en désuétude, plus personne ne la considérerait comme utile et nécessaire et surtout, au bout d’un certain temps, om perdrait même l’idée que c’est un délit de lui désobéir.
C’est ainsi qu’on ne sait même plus que certaines lois instituées, il y a des siècles et qui n’ont pas été abrogées, sont en principe encore aujourd’hui des contraintes auxquelles il faudrait nous soumettre. Je me rappelle avoir lu quelque part qu’une loi de la gabelle, qui interdisait aux riverains du littoral de transporter de l’eau de mer pour ne pas avoir la possibilité de produire du sel sans payer la taxe, n’était pas supprimée, au point que nous serions aujourd’hui encore coupables de le faire.
Bien. Voilà donc que Boris Vian reprend cette idée, mais peut-être avec une autre intention que celle qui animait Durkheim.
Car à la lecture de cette citation, la première remarque qui vient à l’esprit, c’est que les lois n’ont rien de naturel ni d’évident, puisqu’on ne les découvre que par la punition de ceux qui leur ont désobéi. Et comment ont-ils su qu’ils désobéissaient, si personne n’a été châtié avant eux ?
Nul n’est sensé ignorer la loi. Oui.
Mais c’est encore la loi qui le dit.
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