Monday, February 23, 2009

Citation du 24 février 2009

- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

Baudelaire – Spleen (Les fleurs du mal)

La souffrance est une source d’inspiration poétique, sans elle pas de Baudelaire, ni de Nerval, - et puis Artaud ? Et encore bien d’autres…

La souffrance est toujours diffuse chez ces poètes, elle est psychologique pour ne pas dire psychiatrique ce qui fait qu’elle touche l’être tout entier.

La souffrance, mais pas la maladie. Que Baudelaire ait été syphilitique n’affecte pas son inspiration. Baudelaire ne dit pas : je suis le tabétique maudit.

Voilà toutes les réflexions qui me venaient alors que j’écoutais un slameur que j’aime bien : Grand corps malade. (1)

Et je me disais, Grand corps malade… voilà quelqu’un qui a été victime d’un grave accident (1997) et qui a éprouvé le besoin de rappeler à tous cette maladie (qui d’ailleurs n’en était pas une), qui se place donc dans un état maladif indéfini.

Moi, dans ce cas, tout ce que j’essaierais de faire, c’est d’oublier la maladie, de tourner la page, et malheur à ceux qui voudraient me la rappeler un peu trop souvent. Supposez que j’aie eu un cancer : je ne m’imagine pas me présenter aux gens en disant : je suis le cancéreux du poumon-2006.

- J’ai même failli partir d’un citation de sa « chanson » Je dors sur mes 2 oreilles, qui dit :

J’ai constaté que la douleur était une bonne source d’inspiration

Et que les zones d’ombre du passé montrent au stylo la direction

Comme ce jeune homme me parait tout à fait bien dans sa peau, je ne suis pas en droit de supposer qu’il cherche à se faire dorloter en prenant une posture doloriste. Reste donc à se dire que la douleur était une bonne source d’inspiration, et que la maladie situait le point d’ancrage de l’inspiration du poète.

Mais il nous égare : en réalité, ni la maladie ni même la douleur ne guide l’inspiration de ce slam. C’est un message du genre : quand on a été à deux doigts de la mort, on apprécie mieux la vie.

Grand corps malade : même pas mort !


(1) Bien sûr le philosophe ne manquera pas d’avoir une attention spéciale pour Abd Al Malik

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