On pense encore à toi oh Bwana
Dis-nous ce que t'as pas on en a
Les colonies… Puisqu’on en parle encore aujourd’hui, puisque ce passé n’est pas encore passé, alors : parlons-en.
Le colonialisme décrit dans la chanson de Michel Sardou est celui du pillage des ressources exotiques, du café, du coton, des filles…
Autrement dit on est plus dans le colonialisme anglo-saxon que dans le colonialisme à la française.
France / Outre-mer : Etat des lieux.
- Les colonies, vues depuis la France, c’est la République une et indivisible de Dunkerque à Tombouctou, avec la même langue et les mêmes lois pour tous. Ce sont les ancêtres gaulois pour tous, les écoles et les hôpitaux pour tous. C’est l’échange : matières premières contre produit manufacturés.
- La France vue des colonies, c’est les coups de fouet sur le dos des esclaves. C’est l’humiliation d’être considéré comme un sans droit, là où justement c’est le droit qui est censé faire la force.
- Le français, vu des DOM-TOM, c’est une carte bancaire sur pattes.
--> Qu’est-ce qu’on peut ajouter à ça ? Ou plutôt, qu’est-ce qu’il faut biffer comme périmé et sans intérêt ?
Moi, français de souche (un souchien comme on dit dans les banlieues en séparant parfois « sous » et « chien »), je me dis que c’est un étrange pathos, suranné et très décalé par rapport à la réalité.
Oui, mais voilà que j’entends les Guadeloupéens qui me parlent de 1848, de Schoelcher, de ressentiment, de Békés… Et de la banane, et des pesticides, et du prix de l’essence vendu par Total ou par Vito, et d’Air France et…
Et je comprends qu’il ne s’agit pas seulement de traumatismes dans les esprits, mais d’une situation économique qui perdure, que l’abolition de l’esclavage n’a pas aboli en même temps la sujétion économique et l’exploitation des ressources au profit de quelques entreprises, à propos des quelles même les députés de la majorité parlent de « rentes de situation », ajoutant il est vrai qu’elles sont « avantageuses pour tous » (sic !)
" Le ciel m'est tombé sur la tête. Je croyais camper un de ces personnages de bistrot qui racontent toute leur vie la bataille d'Indochine. J'ai en partie échoué. Certains journalistes ont compris l'opposé : je sublimais les années coloniales! J'incitais à la haine raciale! J'aime chanter à la première personne. J'entre ainsi dans un rôle comme le ferait un comédien. L'engagement est joué. La scène n'est pas un lieu où je me confesse. Le malentendu vient toujours de ceux qui n'écoutent pas. On leur dit : «Sardou chante les colonies, c'est honteux!»
Alors c'est un scandale!
Ils insultent bassement : «Nazi! facho!...» Mais heureusement, ceux qui n'écoutent pas n'ont aucune importance. Passons." Michel Sardou, La moitié du chemin, Nathan, 1989
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