Sunday, February 22, 2009

Citation du 23 février 2009

- Avez-vous vu bâiller des oiseaux, des chevaux, des vaches, etc. ?

Prière d'envoyer les résultats au soussigné, à F Institut J. J. Rousseau, Genève.

E Claparède – Le bâillement, extrait de Le sommeil et la veille (1937)

Y a-t-il des sujets indignes de la science ? L’exemple que nous donnons aujourd’hui pourrait le laisser penser : comment un scientifique sérieux, un homme respecté et renommé pour l’étendue de son savoir, peut-il donner comme sujet d’étude – entre autre – cette question portant sur le bâillement dans la monde animal – et en particulier chez les animaux qui ne sont pas des mammifères.

Seul l’artiste paraît susceptible de s’intéresser à cette question, et encore : il lui faut toute la force créatrice de Picasso pour qu’on s’intéresse à la représentation d’un coq baillant (1).

Mais croire que ces questions ne devraient pas intéresser le chercheur, c’est préjuger de leur issue. On sait que des laboratoires ont planché sur des questions très prosaïques, (du genre : pourquoi y a-t-il des bulles dans la coupe de champagne ?), et ont trouvé des réponses susceptibles d’applications pratiques.

Plus sérieusement, refuser de tels sujets d’études, c’est en réalité faire du platonisme : croire qu’il y a un rapport entre l’être et le connaître, de sorte qu’aucun savoir des sous-êtres que sont les ombres, les apparences, les reflets, ne peut être obtenu. C’est confondre l’ontologie et l’épistémologie.

La science c’est le triomphe d’Aristote sur Platon.


(1) Picasso – Pandiculation du coq. 1938

Sur la pandiculation, voir ici. Pour d’autres représentations du bâillement par des artistes, voir ici.

On peut aussi se reporter à ce blog : c’est celui d’une dame qui a vu bailler sa chouette

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