Un enfant ayant demandé à sa bonne : pourquoi les trottoirs sont-ils dur ? Celle-ci lui ayant répondu ; parce que tous les trottoirs sont durs, il a considéré la chose comme expliquée. Expliquer pour l'enfant comme pour l'adulte c'est faire rentrer un cas particulier dans une règle générale.
Claparède, Psychologie de l'enfant et pédagogie expérimentale
Avec tout le respect que je dois et que je porte à Claparède, je reste sceptique devant son affirmation : non, un enfant ne sera sans doute pas satisfait de la réponse fournie ici (à savoir : ce trottoir est dur parce que tous les trottoirs sont durs).
Par contre, c’est vrai, il semble tout à fait acceptable d’expliquer en faisant rentrer un cas particulier dans une règle générale.
C’est même ce que nous faisons la plupart du temps.
Toutefois, deux remarques en faveur de Claparède :
- d’abord il peut arriver comme ici, que cette règle générale par la quelle nous tâchons d’expliquer les choses ne soit en réalité qu’un constat d’existence : de même qu’on disait que l’opium fait dormir parce qu’il a une vertu dormitive, de même on dit que le trottoir est dur parce que c’est dans la nature des trottoirs en général de l’être.
- Et ensuite, expliquer, c’est donner non pas à savoir, mais à prévoir. Du genre : « Fais attention mon lapin. Tu sais que tous les trottoirs sont durs : si tu tombes dessus, tu vas t’écorcher le genou. »
Mais pour en arriver là, ce qu’il faut c’est rapporter un effet à une cause. Et si possible, rapporter un effet particulier à une cause générale. A condition de préciser qu’il y a bien des types de causes différents.
Du genre :
- Les trottoirs sont durs parce qu’ils sont faits de cailloux ou de bitume ou de ciment.
- Pourquoi sont-ils ainsi faits ?
- Pour éviter qu’on s’enfonce dedans.
--> Ici, on passe de la cause matérielle à la cause finale : le trottoir s’explique par sa fonction. Mais c’est encore une cause, pas un simple constat d’existence.
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