Saturday, February 28, 2009

Citation du 1er mars 2009

Figaro : Et tu m'aimeras un peu ?

Suzanne : Beaucoup.

Figaro : Ce n'est guère.

Suzanne : Et comment ?

Figaro : En fait d'amour, vois-tu, trop n'est pas même assez.

Beaumarchais – Le mariage de Figaro,

- Tu m’aimes grand comment mon amour ?

- Tu m’aimeras jusqu’à quand ma chérie ?

- Tu es prêt à quoi par amour pour moi, mon adoré ?

Ah !... Que de questions posées seulement pour entendre dire que l’amour, le vrai, le grand, l’industrieux amour (1), n’existe qu’à la seule condition d’être infini.

Car, imaginez un peu que vous entendiez votre amoureux vous dire :

- Oui, je t’aime ma chérie. Je t’aime beaucoup.

Pouah ! Que cet adverbe est vilain. Car : En fait d'amour, vois-tu, trop n'est pas même assez.

Est-ce une raison pour rire des serments d’amour, de leur banalité rose bonbon et des reniements qu’ils préparent ?

Non. Plus de persiflage, arrêtons l’ironie facile.

L’amour est réellement une expérience de l’infini et de l’éternel (2).

Du temps de Descartes on démontrait l’existence de Dieu en disant : si nous pensons que Dieu est éternel et infini, c’est que nous avons une représentation de tout ça. Or, Dieu seul peut nous avoir mis ces représentations dans l’esprit, vu que nous, qui sommes des êtres limités à tout point de vue, nous serions bien incapables d’imaginer pareille chose. Donc la simple idée de Dieu prouve qu’il existe réellement.

Seulement, on peut aussi se dire : cette expérience intime de l’infini, nous l’avons bel et bien dans l’amour. Et de fait, beaucoup de religions ont valorisées l’adoration de Dieu comme source de contact avec le divin – les autres ayant recours aux substances hallucinogènes, ou simplement à l’étourdissement du corps, comme les derviches.

Adoration de Dieu. Amour du prochain, créature divine. Amour de Figaro pour Suzanne…

Entre l’amour et l’extase mystique, il n’y a que l’épaisseur d’un concept.


(1) Platon – Le banquet

(2) Et pas à la façon de Céline

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