C'est lui pour moi, / Moi pour lui dans la vie, / Il me l'a dit, l'a juré pour la vie.
Et dès que je l'aperçois / Alors je sens en moi / Mon coeur qui bat
Edith Piaf – La vie en rose (1)
Quels sont les adjectifs qui vous viennent à l’esprit quand vous lisez les paroles de La vie en rose ? Mièvre et Kitsch, n’est-ce pas ? Oui, mais voilà : quand on écoute la chanson, ce n’est plus tout à fait la même chose. On se sent profondément remué, un peu comme si une main invisible nous étreignait les entrailles.
D’où vient l’impact émotionnel de cette chanson ? S’agit-il seulement de la musique et de la voix ? Le texte n’y est-il donc pour rien ? Serions-nous aussi émus si Piaf la chantait dans une langue inconnue (en anglais – ça elle l’a fait – ou en japonais) ?
Je me pose sincèrement la question, parce que souvent en écoutant des chants lyriques italiens (mais c’est aussi vrai de n’importe quelle autre langue, y compris de la notre si difficile à comprendre dès lors qu’il s’agit des vocalises de la soprano), je me demande s’il faut lire en même temps le livret pour savoir de quoi on parle, ou bien s’il faut prendre le parti de l’ignorer, considérant la voix humaine comme un instrument musical. Dans un concerto pour violon, on ne se demande pas s’il faut déchiffrer la partition de cet instrument pour écouter la musique.
Mais je crois que c’est une erreur, parce que le compositeur a fait sa musique pour ce texte, qu’il ne l’a pas considéré seulement comme des sonorités déposées le long de la partition, mais bien comme du sens qui influait sur le déroulement de la mélodie.
Alors, voilà : malgré le caractère rose-bonbon-cucul de La vie en rose, c’est quand même aussi ces paroles là qui nous émeuvent.
Désolé…
(1) À lire ici ; à écouter ici par Edith Piaf – vous avez le droit de préférer la version de Louis Armstrong
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