Sunday, November 15, 2009

Citation du 16 novembre 2009

Rien de plus absurde que de violenter les habitudes, sous prétexte de servir les intérêts. Le premier des intérêts, c'est d'être heureux, et les habitudes forment une partie essentielle du bonheur.

Benjamin Constant – De l'esprit de conquête et de l'usurpation

Eloge de l’habitude 2 –

Les habitudes forment une partie essentielle du bonheur.

Heureuse philosophie de la vie, qui situe le bonheur dans la routine de l’habitude…

Car si une telle vision du bonheur est fondée, alors rien n’est plus facile à atteindre que le bonheur. Inutile de chercher où le trouver – dans les lointains horizons, sur les plages à cocotiers ? Ou dans le pré ? dans quel pré ? (1)

Inutile de le chercher, parce que vous l’avez déjà : le bonheur est dans les habitudes, c’est à dire dans le retour chaque jour, chaque semaine des mêmes actes, des mêmes situations, des mêmes rencontres.

Je vous sens sceptique : comment peut-on prétendre jouir de la routine alors qu’elle est l’image la plus forte de l’ennui, porteur du désespoir d’une vie qui file vers son terme sans que rien ne la marque.

On pourrait peut-être soutenir que l’habitude permet un certain bonheur : celui de la tranquillité, du repos. Dans l’habitude, pas de stress ! Pas d’angoisse du choix. Par d’effort d’invention ni de crainte de l’échec. Tout est déjà connu, balisé, et les vieux en tirent une tranquille assurance : ils ont déjà fait mille fois les gestes de la vie quotidienne et ils savent déjà ce qui va se passer. Le bonheur est alors dans la paix de l’âme.

Encore dubitatif ? Et vous avez sans doute raison, parce qu’il ne suffit pas que la routine s’installe pour que ce soit une situation heureuse. La petite Cosette avait l’habitude d’aller puiser de l’eau glacée dans son énorme seau, et de le porter de ses doigts gourds tout le long du chemin jusqu’à la maison des Thénardier qui, comme d’habitude, lui mettraient une gifle pour avoir traîné en chemin.

Bon – Précisons alors : l’habitude accompagne le bonheur quand elle est le résultat de ce que nous avons choisi de répéter chaque jour – chaque semaine – parce que c’est le retour de ce que nous aimons. En vrac : le pastis du soir ; le bisou à la femme aimée le matin ; le moment d’écrire ce blog.

Bref : le bonheur est aussi dans l’éternel retour. Nietzsche ne disait pas autre chose. (2)


(1) Allusion au poème bien connu de Paul Fort et non au film d’Etienne Chatiliez

Voir Post du 31-01-06

(2) Voir par exemple Post du 10-05-09

No comments: