Les nations ne sont pas quelque chose d'éternel. Elles ont commencé, elles finiront. La confédération européenne, probablement, les remplacera.
Ernest Renan – Qu'est-ce qu'une nation ? (Conférence faite en Sorbonne, le 11 mars 1882)
A la question Qu’est-ce qu’être français, on sait que Renan répondait : « est français celui qui en a la volonté permanente » (1). Notons au passage qu’il faudrait alors considérer les demandeurs d’asiles, qui ont choisi notre pays comme étant celui qui incarne le mieux les valeurs qui leur ont été déniées, sont plus français que les autochtones qui ne se sont donné que le mal d’y naître pour paraphraser Beaumarchais…
Mais la lucidité de Renan ne se borne pas à définir la nation. Elle prévoit la disparition des nations européennes dans un vaste conglomérat formée par une confédération européenne. En 1882, il fallait le faire…
Même si la prophétie de Renan ne semble pas encore prête à se réaliser de nos jours, elle est sûrement moins osée aujourd’hui qu’à son époque. En tout cas elle nous aide à nous poser la question : est-il opportun de débattre de l’identité française à l’époque où tout doucement, une communauté européenne se forme, où les jeunes des différentes nations sont invités à se découvrir et à étudier ensemble, où les travailleurs se retrouvent pardessus les frontières pour lutter ensemble pour résoudre leurs difficultés communes ?
Je pose la question tout en sachant qu’elle fait polémique : n’est-ce pas notre myopie qui nous condamne à regarder à nos pieds, au lieu qu’il faudrait avancer sans peur vers l’horizon ? Et cette obsession de l’identité n’est elle pas le signe d’une peur des envahisseurs (un peu comme les américains du temps de la guerre froide, dans les années 50) ? En tout cas, Renan voyait la nation dans des considérations qui excluaient le nationalisme agressif, celui qui fait qu’on n’existe qu’au détriment des autres.
Vous me direz qu’il était bien naïf et que l’histoire du 20ème siècle lui a apporté bien des démentis ; et qu’il ne suffit pas de regarder au-dessus de l’horizon pour voir loin.
Bon. Mais tant qu’à faire de mal voir, autant être presbyte que myope.
(1) Voir mes Post patriotiques des 14 juillet 2007 et 2009. Voir surtout sa conférence ici.
No comments:
Post a Comment