Je ne sais pourquoi, je me suis rappelé un mot qu’on a prêté à Clemenceau quand il a pris en main les affaires de la guerre : « La guerre est une affaire trop sérieuse pour qu’on la confie à des militaires. » Évidemment, cela ressemble à une boutade, peut passer pour un paradoxe. Pourtant, il semble bien qu’il y ait là l’expression d’un grand bon sens,
Paul Léautaud – Journal littéraire 9 novembre 1932
La guerre est le prolongement de la politique par d’autres moyens.
Carl von Clausewitz (voir Post du 23-07-06)
Règle absolue quand on lit une telle citation de Clemenceau : éviter la naïveté de Léautaud. Ce n’est pas parce que ça choque le bon sens que c’est forcément vrai.
Certes, s’il est vrai – comme le note Clausewitz – que la guerre constitue une arme politique, alors c’est aux politiques et non aux militaires qu’il incombe – par exemple – d’appuyer sur le bouton rouge du feu nucléaire.
Mais voyez l’exemple concret, le seul qui soit disponible heureusement, de Truman confronté à la décision d’ordonner le bombardement atomique du Japon.
L’armée américaine dispose enfin de la bombe atomique. Le chef d’état major presse Truman de signer l’ordre de la larguer sur le Japon. Truman hésite, tergiverse. Le militaire lui fait comprendre que cette décision est trop importante pour qu’il puisse hésiter. Le président accepte sous la pression des militaires, prouvant ainsi que la guerre est trop importante pour qu’on la confie à des politiques.
D’ailleurs, même si il est vain de prétendre réécrire l’histoire, on peut imaginer que le déroulement de la guerre aurait été tout autre si les opérations militaires allemandes avaient été confiées à des généraux capables et non à Hitler qui s’est obstiné dans des stratégies vouées à l’échec (en Russie).
Seulement, voilà : la guerre est à la fois arme politique et opération militaire. Comment assurer la synthèse ? Faire du général en chef le chef politique ? Ça arrive et souvent c’est le général qui s’est emparé du pouvoir. Malheureusement, là, pour le coup on peut dire que la politique est une affaire trop sérieuse pour qu’on la laisse à des militaires.
Donc le problème est celui d’une impossible synthèse : il s’agit de greffer le pouvoir politique sur la décision militaire.
Pour fixer les idées, voyez les tergiversations de Barak Obama devant la décision d’envoyer un renfort de militaires en Irak.
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