Si un corps de garde pouvait être religieux, l’Islam paraîtrait sa religion idéale : stricte observance du règlement (prières cinq fois par jour, chacune exigeant cinquante génuflexions) ; revues de détail et soins de propreté (les ablutions rituelles) ; promiscuité masculine dans la vie spirituelle comme dans l’accomplissement des fonctions organiques ; et pas de femmes.
Claude Lévi-Strauss – Tristes tropiques (Taxila, p. 467 de l’éd. Terre Humaine-Plon)
Claude Lévi-Strauss nous a appris à « regarder, écouter, voir'", estime le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand.
C’était un « Humaniste infatigable » pour Nicolas Sarkozy, une « source inépuisable de méditation et de tolérance » ajoute notre Premier Ministre.
Voilà, c’est cet homme qui écrit en 1955 : Si un corps de garde pouvait être religieux, l’Islam paraîtrait sa religion idéale.
Et en plus c’est dans Tristes tropiques, cet ouvrage que depuis 3 jours on encense comme le plus grand livre du 20ème siècle…
Hé bien, ça va nous apprendre non pas à y regarder à deux fois avant de faire l’éloge d’un défunt, mais à lire de près ses ouvrages, surtout ceux dont la célébrité ne se dément pas depuis plus de 50 ans.
Parce que, ce qu’on célèbre dans l’œuvre de Lévi-Strauss, c’est l’ouverture aux civilisations étrangères – j’ai même entendu qu’on lui attribuait le mérite d’avoir mis un « s » à civilisations.
Lisons donc la page qui suit notre citation. Lévi-Strauss développe sa critique de l’Islam : il s’agit d’une religion de l’intolérance et de la fermeture, dont les zélateurs sont « incapables de supporter l’existence d’autrui comme autrui… La fraternité islamique est fraternité contre les infidèles » (page 468). Exactement le contraire de l’attitude de notre ethnologue, du moins de cette attitude qu’il n’a cessé de pratiquer et de promouvoir.
Même si je ne suis pas particulièrement indulgent avec l’Islam, je dois dire que la critique qu’en fait Lévi-Strauss vise essentiellement ceux qu’on nommerait aujourd’hui des intégristes et qui sont restés les plus visibles des musulmans. Je suis d’ailleurs persuadé que ce renfermement et cette intolérance ont progressé depuis 1955 bien au-delà des frontières de l’Islam.
Car, finalement, notre mondialisation qui homogénise toutes les cultures, qui éradique les civilisations indigènes, fait-elle autre chose que les fanatiques musulmans qui veulent convertir ou occire les chiens d’infidèles ?
En tout cas Lévi- Strauss l’a dit il y a déjà plusieurs années : vivre dans le monde tel qu’il est devenu ne l’intéressait plus.
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