Tuesday, November 03, 2009

Citation du 4 novembre 2009

J'aime mieux descendre mon thé que monter des cendres.

Cette pensée est à l'usage de MM. les étrangers qui veulent se perfectionner dans l'euphonie de la langue française.

Jean-Louis-Auguste Commerson – Pensées d'un Emballeur (1852)

Drôle de liaison :

J'ai souvent tété ma nourrice, mais jamais à l'Odéon.

Jean-Louis-Auguste Commerson – Pensées d'un Emballeur

Qu’est-ce donc qu’être français ?

--> Etre français, c’est parler français.

Le français est une langue si belle qu’on doit lui pardonner les difficultés qu’elle nous oppose dès qu’on veut l’apprendre.

Les français eux-mêmes, si nuls soient-ils en orthographe et en grammaire (oui : eux aussi ils offensent grand’mère et grand-père), se révoltent dès qu’on parle de réformer la langue française, ce qui arrive immanquablement tous les 20 ans et qui ne se réalise que tous les 100 ans (1).

Mais croyez-vous que les usagers du français, qu’ils soient étrangers ou autochtones, soient les seules victimes de ses difficultés ?

Imaginez un peu le casse-tête pour les concepteurs de logiciels de traduction automatique en présence des citations proposées aujourd’hui. Je veux dire : de ces logiciels qui sauraient faire de la traduction simultanée, sur l’énoncé oral de la phrase.

Parce qu’on arrive encore à éliminer certains confusions par l’écrit (2), mais l’oral, faute d’accent tonique, permet toutes sortes d’homophonies, donc de confusions, comme celles qui sont illustrées dans les exemples évoqués par nos citations de ce jour.

Mais faut-il s’en plaindre ? Songez au bénéfice qu’en tirent nos humoristes.

Et songez aux ambiguïtés si stimulantes des pochoirs de Miss.Tic : faudrait-il donc y renoncer ?

Reste qu’à lire Boileau on trouve une condamnation sans concession des équivoques dont certains auteurs aiment à voiler leurs textes. Indigne procédé qu’il chasse du panthéon de la littérature en termes on ne peut plus vifs. (3)

Oui – mais si c’était la langue française qui leur servait de berceau ?


(1) Voir Zéro fautes, le récent livre de François de Closets.

(2) Encore que la phrase « Les poules du couvent couvent » fasse perdre la boule à mon correcteur d’orthographe qui me suggère d’effacer le mot répété.

(3) Il s’agit de la 12ème Satire, qui débute ainsi : Du langage français bizarre hermaphrodite, / De quel genre te faire, équivoque maudite, / Ou maudit ? car sans peine aux rimeurs hasardeux, / L'usage encor, je crois, laisse le choix des deux. / Tu ne me réponds rien. Sors d'ici, fourbe insigne, / Mâle aussi dangereux que femelle maligne, / Qui crois rendre innocents les discours imposteurs ; / Tourment des écrivains, juste effroi des lecteurs ; / Par qui de mots confus sans cesse embarrassée / Ma plume, en écrivant, cherche en vain ma pensée.

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