Thursday, June 10, 2010

Citation du 11 juin 2010

Le déficit est le trésor de la nation.

Mirabeau (cité par Jean Jaurès dans son Histoire socialiste, p. 244)

L’histoire ne se répète pas, dit-on. Hé bien on l’a échappé belle, parce qu’en ce moment on trouve de furieuses ressemblances entre ce qui se passe en France (et en Europe), et la période révolutionnaire, en particulier celle qui a correspondu à la convocation des Etats Généraux.

Comparez en effet cette citation de Mirabeau à ce que disent aujourd’hui les spécialistes financiers des déficits des pays européens et de la crise de l’euro :

- Chic ! disent-ils. Enfin l’euro baisse : en voilà une bonne nouvelle…

Petit rappel : En 1787-88, on découvre dans les finances du royaume un déficit énorme, qui met la France en cessation de payement en espèces. Du coup, le seul moyen de résoudre le problème est de convoquer les Etats Généraux, qui ont pour tâche de trouver de nouvelles ressources, mais qui vont en priorité s’ingénier à trouver le moyen de faire craquer le pouvoir politique.

Trois solutions étaient proposées : Necker se faisait fort de rétablir le Trésor grâce à des bidouillages financiers ; certains étaient plutôt pour une levée d’impôts supplémentaires ; enfin les derniers – dont Mirabeau – étaient pour que la France se mette en banqueroute tout simplement. (1)

Extraordinaires similitude avec notre époque ; de 1789 à aujourd’hui, nous retrouvons les mêmes incertitudes les mêmes divergences d’analyses. Par exemple : la Grèce a-t-elle intérêt à faire banqueroute (2) ? Faut-il manipuler le cours de l’euro ? Faut-il lever des taxes et des impôts sur les riches (3) ? etc…

Extraordinaires incertitudes où nous sommes de la solution à choisir : depuis deux siècles, on dirait que la science de l’économie n’a pas vraiment progressé. Les Diafoirus et les Purgons ne sont plus médecins, ils sont devenus économistes.

Une seule certitude : nous ne ressemblons pas complètement à nos ancêtres les sans-culottes, parce que eux, la finance ils n’en avaient rien à faire et que la seule questions qui les agitait était : comment fonder la République.


(1) Sur la période des Etats généraux et les aléas des ministères Necker, voir ici.

(2) Aujourd’hui on dit « restructurer la dette » – ça fait plus propre.

(3) Petite anecdote pour se dérider un peu : ça se passe en Roumanie. A des opposants qui proposaient de faire payer les riches pour combler le déficit des comptes publics, Sebastian Vladescu, ministre des finances roumain a répondu "La Roumanie ne dispose pas de suffisamment de riches pour partager avec tous les pauvres." (Cité dans Libé du 8 juin p.4)

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