Citation du 8 juin 2010

L'acte sexuel est dans le temps ce que le tigre est dans l'espace.

Georges Bataille – La Part maudite

Longtemps j’ai pensé que ce genre de citation ne devrait jamais être commenté, parce que sa charge émotionnelle se diluerait inévitablement dans un torrent de mots, de justifications – que l’exégèse en un mot l’affaiblirait irrémédiablement.

Puis j’ai retrouvé ce tableau de Balthus : la leçon de guitare. Balthus nous donne à voir ce que Bataille nous donne à entendre. Point n’est besoin d’y ajouter quoi que ce soit.

Enjoy !

…Toutefois, une autre question me vient à l’esprit : n’est-ce pas là une la preuve qu’entre la poésie et la peinture il y a une connivence évidente, qu’on glisse sans heurt de l’un à l’autre – et cela parce que ce sont deux formes deux arts qui peuvent se passer de mots ?

Ce n’est pas par goût du paradoxe que je dis cela à propos de la poésie aussi : c’est que si la poésie convoque les mots pour exister, elle les congédie aussitôt après. Le poète n’a pas besoin qu’on explique ce qu’il a voulu dire, et les commentaires qu’on en propose ne sont que de pauvres exercices scolaires. Le seul moyen de lire la poésie, c’est de la vivre, c'est-à-dire d’entrer dans un processus de création continuée (1), et éventuellement, cela est possible - comme on vient de le voir - par la magie d'autres œuvres issues d'autres formes d'art.

Encore une preuve de ce que j’avance : la même connivence par-delà les mots se trouve bien évidemment entre la poésie et la musique (opéra, lied, etc.), mais aussi, bien qu’on y pense moins souvent, entre la musique et la peinture. Voyez ce que Moussorgski a fait avec les Tableaux d’une exposition.

- Pauvres de nous ! Nous qui ne sommes ni poètes, ni musiciens, ni artistes d’aucune façon, qu’allons nous faire alors ?

Hé bien, faites comme moi : accouplez un poème avec une peinture, ou avec une œuvre musicale.

Vous verrez qu’ils finiront par vous faire des petits …

(1) Aucun rapport avec Descartes, bien évidemment.