Sunday, June 27, 2010

Citation du 27 juin 2010

La société devient enfer dès qu'on veut en faire un paradis.

Gustave Thibon

Quand l'homme essaye d'imaginer le Paradis sur terre, ça fait tout de suite un Enfer très convenable.

Paul Claudel – Conversations dans le Loir-et-Cher

Ceux qui lisent de temps à autre ce Blog connaissent mon aversion pour les prêcheurs d’évidence, les admirateurs de connivence, les enfonceurs de portes ouvertes. Ils doivent donc être surpris de me voir citer – et à deux reprises encore – cette banalité selon la quelle dès que nous tentons de réaliser le paradis sur terre, c’est l’enfer que nous créons (le meilleur des mondes – l’avenir radieux, etc.).

Mais justement, même dans les évidences les plus évidentes, il y a encore des zones d’ombre à éclairer.

Car, n’y a-t-il pas un paradoxe à constater que nous autres, les humains, doués de désir et de conscience – et d’intelligence – nous ne parvenons qu’à produire du malheur là où on voudrait créer du bonheur ?

Laissons de côté la question du désir (qui ferait mon bonheur au prix du malheur des autres), et refoulons la quête de bonheur au profit de celle du Paradis : après tout, est-ce que je sais si le bonheur suffirait à définir le Paradis ? Certains n’hésiteront pas à le nier, tant la béatitude leur paraîtrait la seule idée vraiment opportune ici.

Alors il ne reste plus que l’hypothèse suivante : le Paradis n’est paradisiaque que s’il nous est donné, et il devient infernal s’il est notre œuvre.

Voyons ça – Donné par qui ? Sûrement pas par nos semblables, déjà parce qu’il n’y a rien à attendre de bon de leur part (L’enfer, c’est les autres), et ensuite parce que même si on s’y essayait, il faudrait une collection innombrable de Paradis tous différents pour satisfaire tout le monde. Jamais personne n’y parviendra.

Personne… si ce n’est Dieu lui-même, car Lui seul sait ce qu’il nous faut.

Conclusion : il n’y a qu’une chose à faire pour restaurer le Paradis sur terre : prier Dieu. Et aussi faire ce qu’il faut pour mériter que l’accès au Paradis terrestre soit rouvert.

Et ça, c’est pas gagné.

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