Wednesday, June 23, 2010

Citation du 24 juin 2010

L'honneur doit être un éperon pour la vertu, et non pas un étrier pour l'orgueil.

Charles Cahier – Proverbes et aphorismes

J’ai longtemps hésité avant de mettre un ligne quelques réflexions sur l’échec de l’équipe de France de football à la Coupe du Monde, parce que faute de la plus petite empathie avec mes compatriotes qui souffrent des frasques ridicules de notre Onze national, je me sentais bien incapable d’y comprendre quelque chose.

Et puis je suis tombé sur cette citation de ce monsieur Cahier (improbable auteur dont la bio se trouve seulement sur la version anglaise de Wikipédia) et j’ai compris que le déshonneur ressenti par les amateurs de football français au spectacle jugé désolant de leur équipe nationale (1) n’était en fait qu’une blessure narcissique, un orgueil froissé.

Alors, le vieux misanthrope qui se cache en moi a marmonné : Qui sommes nous, nous les Français, pour nous sentir humiliés par le comportement de onze « sportifs » ?

Voilà ce qui se passe :

- La France se sent humiliée par insultes proférées par Nicolas Anelka car voilà le jargon des voyous de banlieues qui remplace le verbe de Racine (Finfielkraut dixit… à peu près).

- Quand c’est le capitaine de l’équipe qui se prend au collet avec le préparateur physique, nos yeux ébahis voient une mutinerie lancée paradoxalement par le capitaine du paquebot France.

- Quand cet épisode de la grève de l’entraînement se prépare sur le terrain, on voit à la télé Raymond Domenech qui désigne d'un geste du bras à ses joueurs les photographes et journalistes installés sur la hauteur qui les surplombe : les indiens se préparent à la curée – c’est la civilisation qui est menacée.

Sauvegardons notre honneur : envoyons pour affronter les équipes adverses non plus 11 joueurs chevronnés mais incapables de jouer en équipe, mais plutôt 11 « bras-cassés » solidaires et dociles.

Qu’on perde tout, sauf l’honneur.


(1) A noter que Fernando Arrabal dans le Libé du 22 juin (p.15) félicite Nicolas Anelka d’avoir injurié le coach, considérant que, soutenu par ses camarades, il avait réitéré le geste inaugural de la Révolution française : ne manquait plus que la tête de Domenech au bout d’une pique.

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