Les hommes sont si bêtes qu'une violence répétée finit par leur paraître un droit.
Helvétius - Maximes et pensées
Thèse à débattre : tout droit, quelqu’il soit, est coutumier, dans ce sens que la coutume des ancêtres, ou l’habitude prise de longtemps finit par légitimer quelque conduite que ce soit. Ce que nos ancêtres ont fait, alors il est juste de le faire encore et encore.
On comprend dès lors pourquoi des pratiques aussi barbares que l’excision des femmes ou l’esclavage des enfants soit revendiqué au nom de la coutume, au nom de la nécessité sociale, voire même au nom de la religion. « Une violence répétée finit par paraître un droit ».
Plutôt que d’entrer dans le débat par la grande porte, celle du choc des civilisations – ou celle des droit de l’homme, je propose de passer par le petit portillon : qu’est-ce que le temps apporte en matière de légitimation ?
Laissons pour un instant de côté la violence, prenons plutôt la croyance. Suffit-il qu’on ait depuis des temps immémoriaux cru que quelque chose était juste – ou vrai – pour que ce soit effectivement le cas ?
Voyez ce que nous disent les adeptes de l’astrologie. L’astrologie, disent-ils, est une science sur la quelle on peut compter parce qu’elle remonte aux assyriens ou aux chaldéens – je ne sais plus mais en tout cas c’est une discipline qui a été cultivée depuis plusieurs millénaires. Bien. Et qu’est-ce que ça prouve ? N’a-t-on pas, de temps immémoriaux assuré aussi que la terre était le centre du monde et que le soleil tournait autour d’elle ? Une longue erreur reste une erreur.
Revenons à la violence. La violence peut-elle être coutumière ? Sans doute. Mais cette coutume est-elle une légitimation ? Chacun trouvera son exemple car hélas ils ne manquent pas. Quant à moi je pense à la vendetta (coutume connue chez nous en Corse, mais il est certain qu’elle existe bien ailleurs quoique sous un autre nom). La vendetta signifie qu’on a le droit – que dis-je ? le devoir – de tuer un membre d’une famille dont un ancêtre a commis un crime semblable à l’encontre de notre famille. Et notez que ce code de l’honneur est un code non écrit et qu’il ne se justifie même pas de l’autorité de la religion comme c’est le cas pour le Talion.
Ce que cette violence gagne à être répété, c’est de paraître solidaire d’un ordre qui nous semble d’autant plus important qu’il est plus ancien. Celui qui y déroge, détruit l’ordre, et menace le socle sur le quel repose la société. L’omerta est le respecte de ce principe.
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