Thursday, September 15, 2011

Citation du 16 septembre 2011

L'infini n'est autre que le va-et-vient entre ce qui s'offre et ce qui se cherche.

François Cheng - Extrait du numéro spécial Libération - A quoi pensez-vous ?

L’infini est un peu comme le néant : on peut à la rigueur le définir (négativement bien sûr), mais on ne peut pas le penser. Tout juste peut-on donner le procédé, l’opération mentale par laquelle on pourra s’en approcher.

--> Ainsi, l’infini se définit simplement : c’est ce qui n’a pas de fin.

Et on ne peut en avoir une représentation approchée qu’en pensant – par exemple – à la suite des nombres entiers naturels, telle que tout nombre n, si grand soit-il, peut avoir pour successeur n+1 ; de telle sorte qu’on peut dire que l’idée d’infini exclut absolument celle d’un nombre infini – ou si l’on veut que l’infini est une idée, mais que l’infini actuel n’existe pas – du moins tant que l’homme ne sera pas Dieu.

On dira pourtant que si l’infini n’était qu’abstraction on ne s’en préoccuperait pas : à quoi bon dans la vie penser aux innombrables nombres n+1 ? Il faut donc, pour que nous nous souciions de l’infini, que nous en ayons une certaine expérience, quelque chose par quoi il nous apparaisse ou du moins s’impose d’une certaine façon à nous.

C’est là que nous rencontrons François Cheng : l’infini, dit-il, c’est le va-et-vient entre ce qui s'offre et ce qui se cherche. C’est donc dans le perpétuel dépassement de la pensée, de la création, du savoir, que l’infini nous apparait. Ce qui « s’offre » appelle « la recherche ». Ce que trouve la recherche nous offre une nouvelle frontière à franchir.

L’infini est dans cette expérience de l’inépuisable, dans l’appel de la nouveauté, dans l’idée que toute frontière borde un autre territoire.

Certains ont cherché l’infini dans le dépassement de soi dans le domaine physique (l’athlète), dans le domaine charnel (Bataille), dans le domaine du savoir (Faust). Mais sans doute les artistes sont ceux qui ont le mieux incarné cet élan, qui se reprend et repart toujours, et encore au moment même où il est foudroyé par la mort.

L’exemple qui me vient à l’esprit est celui de Beethoven, composant peu avant sa mort la 32ème sonate pour clavier, et nous offrant dans les variations du dernier mouvement un aperçu de ce qui sera pour nous deux siècles plus tard le swing – ou si l’on veut quelque chose qui s’approche du ragtime.

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