Citation du 7 septembre 2011

La mort ne me fait pas peur. Ce que je n’aime pas, c’est l’idée que je vais devoir rester morte si longtemps.

Henning Mankell – Les chaussures italiennes (p. 80)

L'éternité, c'est long, surtout vers la fin.

Woody Allen (Cité le 19 février 2007)

Cette citation fait écho à celle de La Rochefoucauld (1) ou encore à la thèse de Heidegger affirmant que nous étions incapables de penser notre propre finitude.

Car c’est bien cela qui est en jeu dans l’émouvante naïveté de cette formule : je vais devoir rester morte si longtemps. C’est l’impossibilité où nous sommes de nous penser mort c’est à dire en-dehors du temps.

Alors, certes, on nous oriente vers l’idée d’éternité, voire même d’immortalité. Les âmes après la mort migrent vers un jardin délicieux où elles restent ad vitam aeternam. Mais, si, comme le dit Woody Allen, l’éternité, c’est long, surtout vers la fin, c’est parce que l’éternité, nous ne pouvons la penser que comme une durée qui ne finit jamais. Moyennant quoi, ce n’est plus l’éternel, mais le sempiternel que nous pensons.

Non, rien de ce qu’est la mort n’est pensable – du moins s’agissant de notre mort, ce que Jankélévitch appelle la mort en première personne. Nous pouvons sans crainte dire que nous ne savons rien de la mort, donc nous ne savons pas si elle est néant ou vie éternelle.

Mais le fait que nous n’ayons aucune représentation qui lui convienne cadre parfaitement avec le néant. Car du néant nous ne pouvons rien penser – ni rien dire – car ça reviendrait à lui attribuer une quelconque caractéristique, et donc le supposer comme une substance à laquelle on accroche tel ou tel attribut.

Ceci n’empêche pas les hommes – et l’héroïne du roman de Mankell – d’imaginer ce que serait la mort s’ils pouvaient la penser.

Et alors, comme Woody Allen, on trouve que ça risque de paraître long, très long.

--> Pour nous préparer à la vie éternelle, cherchons donc une activité que nous pourrions vouloir pratiquer encore et encore – dans un éternel retour nietzschéen.

N.B. Je ne suis pas sûr que la belotte convienne.

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(1) Ni le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face.