Un homme fort riche disait en parlant
des pauvres : « On a beau ne leur rien donner, ces drôles-là
demandent toujours. »
Plus d’un Prince pourrait dire cela de
ses courtisans.
Chamfort
– Maximes et pensées. N° 596
On publie régulièrement des arrêtés dans
les municipalités infestées de pigeons : Défense
de nourrir les pigeons, afin qu’ils aillent chercher leur pitance ailleurs.
On sait aussi que les frontières de l’Europe se hérissent de barbelés :
faute d’éradiquer la pauvreté dans les pays d’Afrique (ou d’ailleurs), on prie
ces malheureux d’aller frapper à d’autres frontières.
Oui, mais voilà : « ces drôles-là demandent toujours » –
sous-entendu : c’est à nous qu’ils demandent !
C’est que si on demande l’aumône, on
croit meilleur de demander aux riches plutôt qu’aux pauvres. Ce qui est sans
doute une erreur, car on sait que ce sont les pauvres qui sont les plus
solidaires avec les malheureux et que s’ils n’ont pas beaucoup à donner, ils
sont en revanche très nombreux : leurs dons finissent pas remplacer
avantageusement ceux des riches.
Oui… Ces
drôles-là demandent… Mais qui sont-ils au fait ? Ce ne sont pas des
musulmans, eux ils ont une communauté qui fait de l’aumône un devoir religieux
et qui soutiennent les nécessiteux. Ce ne sont pas des SDF de chez nous :
eux ils ont des chiens aux fortes
mâchoires et quand on les aperçoit on change de trottoir.
Non, ce sont plutôt des gens de l’Europe
de l’est, enfin de ceux qui viennent de Roumanie, par exemple et qu’on appelle
pour ça des Roms (au grand scandale des Roumains bien nés).
Et voilà ce qui pour nous fait
scandale : imaginer que ces pauvres-là sont des citoyens européens comme
nous, nous donne une image déplaisante de ce que nous pourrions devenir un jour.
…..
Au fait, cette pauvre dame, elle ne
serait pas grecque par hasard ?
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