Epectase – Subs.
masc. : L’épectase est, chez les chrétiens, une tension et un progrès de
l’homme vers Dieu. Cela désigne aussi, dans un sens familier, le décès pendant
l'orgasme (Cf. Le Robert, « Le président Félix Faure est mort en épectase. »).
Article de Wiktionnaire
La vie des mots
(Suite)
Epectase : curieuse
vie que celle de ce mot ! Passer comme ça de l’élan vers Dieu à la mort
orgasmique, ça suppose qu’on saute pardessus un gouffre ! Quel
renversement de sens !
o-o-o
Il
y a bien des cas de renversement de sens dans l’évolution sémantique d’une
langue.
-
Ainsi de l’adjectif « énervé »
qui signifiait à l’origine « priver de nerf » (1) et qui en est venu
à signifier exactement le contraire.
-
Ainsi également de l’usage systématique d’un terme pour signifier le contraire
de ce qu’il dit en réalité – même quand il existe un mot exact pour cela. Qu’on
pense à l’avalanche des dépêches de presse relatant l’implosion de l’UMP suite à la déflagration
qui la secoue (2) : en toute rigueur une déflagration fait exploser et non imploser. En revanche il est exact que ça pourrait à terme faire
imploser l’UMP, si du coup elle se vidait de ses adhérents et de ses électeurs.
Mais
alors, pourquoi un tel usage ? Qu’est-ce qui explique qu’on utilise un mot
relativement peu connu de façon inexacte pour remplacer un mot bien connu et
exact ?
C’est
qu’en parlant, nous cherchons à attirer l’attention de notre interlocuteur, et
que pour ça les mots doivent l’éveiller, se faire remarquer, un peu comme si on
le tirait pas la manche. Il nous faut du neuf et de l’exotique – et non de ces
mots usés comme de vieilles pièces de monnaie qu’on glisse en silence dans la
main (Cf. Mallarmé, ici n°2). Imploser, ça
attire l’attention alors qu’exploser (en
tant que mot) ça passe sans se faire remarquer – même si ça veut dire
exactement ce qu’on cherche à signifier.
Moralité :
Tout
ça veut dire que le plus important est de se faire écouter – même si on n’a
rien à dire.
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(1)
En fait il s’agissait du traitement barbare que les romains réservaient aux
esclaves fuyards qu’ils reprenaient : ils les estropiaient en leur coupant
les tendons (= nerfs) derrière les genoux, les rendant ainsi incapable de se
tenir sur leurs jambes
(2)
Il s’agit de l’Affaire Bygmalion. Pour ceux qui vivent loin de nos frontières,
voir ici.
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