Citation du 20 mai 2014

Le citoyen n'est pas un consommateur. C'est un producteur, d'idées, de convictions, d'engagement, de solidarité.

François Bayrou

Solidarité – Subst. Fém.

            1 – « Lien contracté par des personnes répondant en commun d'une obligation solidaire. »

            2 – « Dépendance mutuelle entre les êtres humains, existant à l'état naturel et due au besoin qu'ils ont les uns des autres. »

            3 – « Responsabilité mutuelle qui s'établit entre les membres d'un groupe social. »

            4 – « Devoir moral, résultant de la prise de conscience de l'interdépendance sociale étroite existant entre les hommes ou dans des groupes humains, et qui incite les hommes à s'unir, à se porter entraide et assistance réciproque et à coopérer entre eux, en tant que membres d'un même corps social. – Acte concret qui met en application ce devoir moral. »

TLF

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Si l’on excepte le sens premier qui est spécialisé et réservé à des cas juridiques (ex. : caution solidaire), on voit que la solidarité va de la situation naturelle à l’engagement moral. Mais on doit aussi reconnaitre qu’il n’y a pas de solidarité sans réciprocité : je suis solidaire de celui – ou de ceux – qui sont avec moi dans une situation de co-dépendance ou d’échange. La question qui reste posée est de savoir dans quelle mesure l’état naturel des individus les engage effectivement, sans qu’ils aient même à le vouloir, dans des actes solidaires – ou bien s’il leur faut un engagement moral, donc un acte volontaire décidé au regard de valeurs communes.

Pour éclairer la nature de cet engagement revenons à la citation de François Bayrou et posons la question réciproque : si les citoyens sont solidaires entre eux, de quelle nature est le lien qui les y pousse ?

            - Il ne s’agit pas essentiellement d’un engagement juridique – encore que ce soit bien le cas : nous sommes appelés à prendre les armes pour défendre la patrie parce que nous avons la citoyenneté française.

            - S’agit-il d’une dépendance mutuelle ? Oui, mais alors la citoyenneté peut être élargie aux frontières du monde : nous sommes tous solidaires devant le désastre planétaire que constitue la surexploitation de la planète.

            - S’agit-il plutôt d’une responsabilité mutuelle entre les membres d’un même groupe social ? Alors la nationalité est inadaptée pour définir cette responsabilité. Les frontières qui  nous séparent les uns des autres sont des frontières de classe. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! (= soyez solidaires entre vous et démolissez tous ces salopards de bourgeois !)

- S’agit-il d’un devoir moral ? Je devine que c’est là l’idée de Bayrou : la solidarité citoyenne résulte d’un engagement personnel et non d’une situation imposée de l’extérieur.

Mais encore faut-il que nos valeurs puissent porter un tel engagement : si le Dieu que j’adore est celui de la finance, nul doute que la solidarité qui s’y exprime n’implique aucun engagement de cette sorte.