Définition du pouvoir de désirer :
… pouvoir d'être par ses représentations cause de la réalité des objets de ces
représentations
Kant
– Critique de la faculté de juger – Introduction, III, note
(Suite
du commentaire du 16 mai).
Je reviens sur cette citation de Kant
qui fait du désir une source de l’avenir – même fantasmé : comment
admettre ça ? Nous savons bien hélas qu’entre le désir et sa réalisation
il y a de la marge et c’est même une preuve de la santé de l’esprit que de l’admettre.
- Ce que nous dit Kant (texte à lire
ici) c’est qu’on ne peut s’empêcher d’y croire, parce que le propre du désir
est d’établir un lien entre la force qui
nous pousse vers cet objet et sa réalité : je le désire tant que je dois l’avoir. C’est comme ça !
Une fois encore on se récriera :
désirer ainsi c’est trépigner et faire des caprices ! Mais c’est le propre
de l’enfant que de faire ça : les adultes savent que ce n’est pas
raisonnable.
Peut-être. Mais comme dit Kant, comment
expliquer alors que les hommes se lancent dans des entreprises dans lesquelles
ils ont si peu de chances de réussir ? Comment font-ils pour s’embarquer vers
des contrées lointaines sur des bateaux si frêles – comme Christophe Colomb sur
sa caravelle ?
On dira que le désir porte avec lui une
part d’échec inéluctable : la dénégation de l’évidence. C’est ainsi que Christophe
Colomb a persisté toutes sa vie à affirmer qu’il avait atteint Cipango (= le
Japon). Quand le voit avec son bateau arrivant aux Amériques, on se dit
que il fallait être vraiment obsessionnel pour continuer à le croire !
Oui, c’est vrai. Mais ce n’est pas trop
cher payer pour posséder cet élan enthousiaste.
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N.B. Ce post m’a été inspiré par une dépêche de presse disant qu’on a peut-être retrouvé l’épave de sa caravelle, la Santa-Maria.
Preuve que nous aussi nous prenons facilement nos désirs pour la réalité.
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