1 - L'avenir, si tendu que soit notre
désir, est une perspective sans profondeur. Il n'a vraiment nulle attache
solide avec le réel. C'est pourquoi nous disons qu'il est dans le sein de Dieu.
Gaston
Bachelard – L'Intuition de l’instant
2 - Définition du pouvoir de désirer : … pouvoir d'être par ses représentations cause de la réalité des objets de ces représentations
Kant
– Critique de la faculté de juger – Introduction, III, note
Bachelard, dans la lignée de Saint
Augustin, définit ici le temps comme un instant (= présent) bordé par deux
néant (= l’avant et l’après). Tout le reste relève de la foi, et le musulman qui
dit « Inch’ Allah » dès qu’il évoque l’avenir a parfaitement raison.
Pourtant il y a en nous une force qui ne
relève pas de la religion et qui nous pousse à considérer l’avenir comme
acquis : c’est le désir. D’où l’idée de Kant (citation 2) qui fait du
désir une source de l’avenir – même fantasmé. D’ailleurs, Bachelard
l’admet : notre désir est tendu vers l’avenir, même s’il est incapable à
lui seul de faire exister ce qu’il se représente.
– Ainsi, la foi en Dieu ne résulterait
ni d’une intuition surnaturelle, ni de la nécessité de surmonter l’angoisse de
la mort, mais du besoin, pour faire un pas, d’être sûr qu’il y aura un autre
pas ensuite ?
Peut-être faut-il dire : Dieu résulte
de la nécessité de faire éclater les limites de l’instant en direction de
l’avenir. Moi qui tape ce mot sur mon clavier, il faut bien que j’aie la foi
dans la continuité de ma vie au-delà de ce mot que je viens d’écrire…. (1)
… Mais voyez : je suis toujours là.
J’avais donc bien raison d’y croire ?
– Entre Dieu et le désir, il peut y
avoir communauté de fonction (= faire que l’avenir existe) : et si ça
prouvait qu’il existait entre les deux, une communauté de nature ? La foi
en Dieu serait alors un fantasme de plus, c’est-à-dire une représentation imaginaire
dont on se figure la source dans le réel (ou dans le surréel).
– A partir de là, on comprend que les
Sages nous aient enseigné pour vivre sans désir à profiter de l’instant. Le
bonheur consiste à jouir du présent sans rien espérer de l’avenir - mais sans
en désespérer non plus. Espérance et désespérance : comme le passé et
l’avenir, ce ne sont que deux formes différentes attribuées au néant.
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(1) Il s’agit bien sûr de la
discontinuité du temps : nous pensons ici à Descartes pour qui
« chaque moment est un don de Dieu » : voir ici.
1 comment:
et l'avenir d'une illusion ?
gros bisous reviens bien vite lire plus dansément
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