Tuesday, May 13, 2014

Citation du 14 mai 2014



C'est un grand classique de la vie politique : la critique d'un gouvernement est infiniment plus audible que les réponses qu'il tente de donner.
Luc Ferry – Comment peut-on être ministre ? Essai sur la gouvernabilité des démocraties (2005)
Luc Ferry sait de quoi il parle : « Du 7 mai 2002 au 30 mars 2004, Luc Ferry est ministre de la Jeunesse, de l'Éducation nationale et de la Recherche dans les deux premiers gouvernements de Jean-Pierre Raffarin. » nous dit Wiki. Sur quoi il faut ajouter qu’il fut confronté à des grèves particulièrement opiniâtres et qu’il quitta le gouvernement sans avoir pu faire passer certaines de ses réformes.
Alors, certes la remarque de Luc Ferry est pleine de bon sens : l’opposition politique au gouvernement nous donne le spectacle dérisoire de critiques faites uniquement pour nuire à la majorité, parfois même en reprenant les arguments que cette actuelle majorité opposait à l’actuelle minorité du temps où celle-ci était la majorité (vous me suivez ?). Bref : le citoyen honnête a bien l’impression qu’on le manipule et  qu’en plus si les « médias » insistent tant sur les critiques, c’est uniquement parce que la critique d'un gouvernement est infiniment plus audible que les réponses qu'il tente de donner.
Si on en reste là, il faut admettre que la démocratie dont on dit qu’elle est bâtie sur le débat est bien malade. D’où l’idée qui n’est pas évoquée ici de revenir à la critique « constructive » qui oppose projet à projet, modèle de société à modèle de société : ce que les députés sont censés faire lors des débats à l’assemblée, quand ils remplissent leur devoir.
Alors, pourquoi ça ne se passe pas toujours comme ça ?
L’ambition, la corruption des mentalités, la pauvreté des esprits de certains élus peuvent bien être invoqués. L’essentiel reste que pour qu’il y ait de tels débats, il faut – et il suffit –  qu’un choix politique soit offert et qu’on se propose de l’examiner honnêtement.
Voyez la question de l’Europe : faut-il y rester ? Faut-il en renégocier les traités ? Faut-il sortir de l’euro ?  Faut-il au contraire renforcer ses structures politiques, aller vers plus de fédéralisme – etc. ?
Qui donc vous dit : voici entre quoi et quoi il y a choix. Voici ce que vous perdez avec celui-ci et ce que vous gagnez avec celui-là. Voici les valeurs (de société / de justice / morale etc.) que vous soutiendrez en suivant ceux-ci ou bien en allant avec ceux-là.
… Seulement il reste encore à se décider à opter pour telle issue plutôt que pour telle autre. Et là, il faut se mouiller un peu. Ce que le citoyen même bien informé refuse parfois de faire.

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