L'avenir de l'homme est la femme / Elle
est la couleur de son âme / Elle est sa rumeur et son bruit / Et sans elle il
n'est qu'un blasphème / Il n'est qu'un noyau sans le fruit / Sa bouche souffle
un vent sauvage / Sa vie appartient aux ravages / Et sa propre main le détruit
Louis
Aragon – Le fou d’Elsa (Zadjal de l'avenir)
L'avenir
de l'homme est la femme – n’épiloguons pas sur
l’inversion des termes lorsque Jean Ferrat les chante : près tout c’est la
licence poétique. L’essentiel est que lorsqu’Aragon évoque l’avenir – celui
pour lequel nous vivons et travaillons, alors même que nous ne le connaitrons
peut-être pas – c’est à la femme qu’il pense.
Ceux qui lisent ces Posts savent que
j’évite de commenter les poèmes, afin de laisser libre cours à l’imagination de
chacun : on peut le faire sans difficulté tout au long de ce long poème.
Reste que pour Aragon, le progrès de l’humanité a un visage et un nom : la
femme. (1)
L’idée banale c’est que la femme c’est
la maternité : elle est celle qui procrée (= l’avenir) et surtout celle
qui accueille le nourrisson et lui apprend à connaitre l’humanité dans la
chaleur et la douceur de son corps. Si je dis que cette représentation est banale, ce n’est pas pour la dévaluer,
c’est pour dire que nous n’avions pas besoin d’Aragon pour l’avoir. Pour
contre, avec le poète on comprend que la femme est dans chaque instant présent
la preuve que l’humanité a un avenir – et surtout, qu’elle mérite d’avoir un avenir.
Que serait l’humanité sans la
Femme ? Un blasphème, un noyau sans
le fruit, un vent sauvage à la bouche, une menace de ravages, une Humanité qui
s’autodétruit.
Oui, sans les femmes, il ne serait même
pas nécessaire d’attendre l’extinction de l’humanité devenue stérile :
elle se détruirait par la sauvagerie de ses haines avant cela.
- Devons-nous souhaiter que l’Humanité
ait un avenir ? Qu’elle se perpétue encore et encore ? Bien des
écologistes pensent que non, et que le meilleur service que les hommes puissent
rendre à la Nature, c’est de disparaitre.
Eh bien Aragon nous donne à penser qu’il
faudrait pleurer cette perte. Pleurer la disparition des hommes parce qu’un
homme sur deux est une femme.
-------------------------------------------
(1) C’est également ce que nous disait
Baudelaire (cf. ici)
No comments:
Post a Comment