Tuesday, May 20, 2014

Citation du 21 mai 2014



Une planète est un corps androgyne, pourvu des deux sexes et fonctionnant en masculin par les copulations du pôle nord, et en féminin par celles du pôle sud. »
Charles Fourier – Le Phalanstère

Les androgynes sont bien à plaindre… car comment font-ils pour se faire l’amour ? Car n’est-ce pas, c’est bien cela l’intérêt de l’androgynie (et non de choisir son sexe utile selon le besoin du moment).
Oui, bien difficile de copuler avec soi-même : cela on le sait depuis Kant : connaissez-vous le « paradoxe des objets symétriques » dans la critique de la raison pure ? Non ? Lisez (en annexe) le texte – Incompréhensible ? Pas grave ! Kant nous l’explique : si vous voulez superposer votre main gauche sur votre main droite, vous devrez la retourner et non pas la glisser : deux dimensions ne suffisent pas (comme avec la ligne droite à une seule dimension), il en faut trois. C’est un paradoxe parce qu’on ne peut un donner une raison strictement logique.
Maintenant, revenons à nos pauvres androgynes; comment jouir d’eux-mêmes ? Pour « superposer » leur sexe mâle sur leur sexe femelle, il leur faut retourner l’un pour qu’il arrive à s’immiscer dans l’autre. C’est d’ailleurs ce que dit Platon : après avoir coupé ses androgynes en deux, Zeus qui du coup vient d’inventer la sexualité, est bien obligé de déménager les sexes et de retourner les têtes. Rien que du bricolage…
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Magritte – Le rêve de l’androgyne
Magritte avec son rêve de l’androgyne fait-il mieux ? Nous en sommes au stade où les androgynes ont déjà été séparés : ça ne change donc rien car le retournement a déjà été fait.
Sauf que la symétrie est beaucoup plus poussée que précédemment : il ne s’agit plus simplement de la symétrie des sexes qui est – osons le mot – simplement géométrique, l’un devant s’emboiter dans l’autre ; non, il s’agit cette fois d’une symétrie de nature, car notre androgyne est en plus une sirène (1). A la queue de poisson se trouvent en symétrie les jambes du mâle ; au buste de femme répond la tête du poisson.
Comment ces deux-là vont-ils faire pour copuler ? Inutile de demander à Kant : sa philosophie n’est d’aucun secours ici.
Voyez la supériorité de la philosophie orientale : le Kâma-Sûtra, lui, il connait la solution…
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(1) Une sirène et un … quoi ? Remarquez que la sirène n’a pas d’équivalent mâle. Ce qui fait que le tableau de Magritte est plutôt le « Rêve de la sirène »
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Annexe.-
L’espace n’est pas non plus un pur concept. Un concept s’applique à une diversité d’objets qui lui préexistent mais « quand on parle de plusieurs espaces, on n’entend par-là que les parties d’un seul et même espace ». Considérons, d’autre part, ce qu’on nomme avec Kant le paradoxe des objets symétriques : deux objets parfaitement semblables comme la main droite et la main gauche, que l’on peut subsumer (penser un objet individuel comme compris dans un ensemble) sous un même concept, ne sont pourtant pas substituables puisque la translation d’une main sur l’autre fait bien apparaître qu’il n’y a pas recouvrement de l’une par l’autre. Il y a là quelque chose qui résiste à l’identité du concept.
L’espace est donc une forme pure de l’intuition.

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