Wednesday, June 18, 2014

Citation du 19 juin 2014



Celui qui connaît l'art de vivre avec soi-même ignore l'ennui.
Erasme
Encore une sentence où Erasme joue sur le paradoxe pour éveiller notre attention : car n’est-ce pas justement la solitude qui suscite l’ennui ? Les bistrots n’ont-ils pas été créés pour nous éviter de boire tout seul en nous proposant un lieu où rencontrer les autres et parler avec eux ?
- Si Erasme est sérieux (et comment en douter ?), il faut admettre que l'art de vivre avec soi-même est un art particulièrement élaboré. En quoi peut-il consister ?
o-o-o
La première idée est que l’ennui nait de la vacuité du temps inoccupé : si étant seul on s’ennuie, c’est bien parce que nous sommes « vides » pour nous-mêmes. Nourrissons donc de belles pensées, développons de belles songeries, créons en imagination des œuvres qu’il n’y aurait plus qu’à jeter sur le papier – ou sur la toile – et nous verrons le temps passer à toute vitesse.
L’art de vivre avec soi-même ? Rien n’est plus facile : fermons les yeux laissons nos mains dans nos poches, et imaginons un poème pour l’amour qui est parti nous laissant seul – ou bien résolvons le problème d’échec du week-end.
Bon : je vois des mines déconfites – à ce compte, personne ne pourrait suivre le conseil d’Erasme.
Donc, admettons que l’art de vivre en question soit d’abord un accélérateur de durée, quelque chose qui fasse passer le temps le plus vite possible, sans laisser derrière lui ni de belles œuvres ni des problèmes résolus.

--> J’ai ce qu’il vous faut : le fantasme.
Exemple 1 : le fantasme de la mousse au chocolat : vous fermez les yeux et vous voyez le grand saladier rempli d’une mousse au chocolat. Pendant que personne ne vous regarde, vous trempez votre doigt dedans : vous entendez les petites bulles d’air éclater à ce contact, et voilà que vous sentez la saveur du chocolat sur votre langue… Recommencez l’opération jusqu’à ce que vous ayez autre chose à faire.
Exemple 2 : le fantasme du mateur. Toujours les yeux fermés et les mains dans vos poches, vous vous imaginez chez des amis, dans votre chambre. C’est l’après-midi, la chaleur, les persiennes sont tirées. Silencieusement vous quittez votre chambre pour aller dans la salle de bains : en arrivant vous constatez qu’elle est occupée mais que la porte est restée entrebâillée : la femme de votre ami est devant le lavabo en trains de se rafraichir. Elle se penche pour rincer sa poitrine à l’eau froide, faisant saillir le bouton de son sein…
Attention ! Laissez vos mains dans vos poches je vous prie ! De toute façon, c’est maintenant l’heure de votre leçon de piano.
Exemple 3 : le fantasme du professeur de piano…

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