Si
le communiste voit en toi un homme et un frère, ce n'est là que sa manière de
voir des dimanches... Si tu étais un fainéant, il ne reconnaîtrait pas en toi
l'Homme, il y verrait un homme paresseux à corriger de sa paresse et à catéchiser
pour le convertir à la croyance que le travail est la destination et la
vocation de l'Homme.
Max Stirner - 1806-1856
Qu’est-ce donc, pour parler comme
Stirner que l’homme du dimanche ?
Le dimanche, c’est un jour
chômé ; c’est donc le moment de l’égalité – égalité entre les laborieux et
les paresseux. Car s’il est un point sur lequel le marxiste (façon 19ème
siècle du moins) et le chrétien sont bien d’accord, c’est sur le fait que le
travail est la destination et la vocation de l'Homme
o-o-o
Certains pensaient faire un mot
d’esprit en disant : « Le capitalisme c’est l’exploitation de l’homme
par l’homme. Le communisme, c’est l’inverse. ». Ils auraient peut-être été
d’accord pour dire : « Le capitalisme considère que l’homme est fait
pour travailler. Et le communisme, c’est pareil. » Car tous deux
considèrent que l’homme est sur terre pour travailler, que l’oisiveté est
contraire à sa nature, et que la paresse est vraiment le vice le plus grave.
Sans doute le communiste dont parle
Stirner est-il plus moralisateur et le capitaliste plus cynique ; sans
doute faut-il voir dans leur entente la preuve qu’ils puisent tous deux leur
accord dans une origine commune dans la société industrielle (voir Raymond
Aron). Mais nous avons ici la preuve que le 19ème siècle est un
siècle de travailleur, et non un siècle de consommateurs.
Car, voilà la différence avec le 21ème
siècle : si le dimanche est dans la tradition judéo-chrétienne le moment
où, comme le Seigneur-Dieu, l’homme doit se reposer, dans notre civilisation,
le dimanche est fait pour consommer. C’est même ce que de façon prémonitoire
Lafarge écrivait dans Le droit à la
paresse (1) : il faut bien que de temps en temps le prolétariat
s’arrête de produire pour consommer ce qu’il a produit.
--> De là la polémique sur
l’ouverture des magasins le dimanche : faire passer le repos de
quelques-uns après l’exigence de consommation des autres. Alors, certes, on
préfèrerait que personne ne travaille. Mais si c’est au prix de la cessation
totale et absolue de la consommation, alors là : Non !
D’ailleurs, notons encore
ceci : les malheureux sacrifiés qui vont travailler le dimanche vont
pouvoir se faire grassement payer – en application du principe : Travailler plus, pour gagner plus.
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(1) A lire ici.
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