Sunday, June 29, 2014

Citation du 30 juin 2014


La meilleure façon de tuer un artiste est sûrement de lui donner tout ce dont il a besoin.
Henry Miller – Peindre c'est aimer à nouveau

En pleine contestation des Intermittents du spectacle, 
voilà juste un peu d’huile à mettre sur le feu.
Cette phrase, sous la plume d’Henry Miller sent bon sa bohème, ses café-crèmes au petit matin d’une nuit sans sommeil, au sortir d’un lit qui n’a sûrement pas été celui de la compagne légitime…
Bref, vous ne voudriez quand même pas rabattre les soucis des artistes sur la platitude des besoins vitaux, sur le loyer à payer, sur le Big-Mac de midi – et sur le rail du soir…
Quoique… De quoi vivaient les artistes autrefois ? Ils pouvaient avoir un traitement - presque comme le domestique de la maison (au risque de le payer cher en dépendance comme Haydn (1)). Ils pouvaient aussi être pensionnés, sinon subventionné comme Wagner par Louis II. Ils pouvaient bénéficier des largesses d’une fidèle admiratrice comme Tchaïkovski avec madame von Meck.
Bref : d’une façon comme d’une autre l’idée est qu’on ne peut supposer qu’un artiste puisse vivre « nécessairement » de son art. Je dis nécessairement pour signaler que si l’artisan est sûr de rencontrer des gens qui auront besoin de lui et qui seront prêt à lui verser une rémunération à la hauteur de ses besoins, l’artiste, lui ne peut ni ne doit avoir une telle perspective.
J’entends bien qu’un artiste puisse répondre à une commande, c’était même la règle autrefois. Mais en même temps, il faudrait être très grand pour créer et mettre son âme dans ce qui n’était qu’une demande d’un client – et en réalité, il faut surtout être assez connu pour que la manière du créateur soit l’objet même de la commande. A Bernard Buffet, on pouvait demander : « Faites-moi le portrait de ma femme ». Mais en réalité, on lui demandait surtout : « Faites-moi un Bernard Buffet ».
Alors: comionneur le jiour - et danseur de ballet le soir ? Non, bien sûr ; mais qui doit payer ?
o-o-o
Concluons : les Intermittents demandent à vivre y compris les jours où ils ne produisent rien : on le leur reproche.
Viendra à jour où on reprochera aussi aux retraités de ne rien produire en échange de leur pension.
Je crois même que certains commencent à y songer…
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(1) « En 1782, Haydn projette de se rendre à Londres, sa venue est annoncée dans les journaux anglais, mais en 1783, seule la musique est au rendez-vous, Nicolas-le-magnifique [Esterhazy] n'autorise pas Haydn à quitter son poste pour quelques mois. » Lire la biographie de Haydn ici.

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

beau payé mon très cher jean pierre, d'ailleurs nos grande nombre d'heures à faire des essais , et toutes les échanges marketing pas payé et à la retraite on est très surpris. Il faut être fou pour faire ce métier, bref oui très bien les références à Hayden qui ne peut partir à Londres. Oui, nous y perdons à le faire , notre liberté , notre famille, ect et une souplesse de vivre.
ce qui est drôle au moment où j'arrive à la retraite le point des artistes de 1, 45 est passé à 1,23, çà fait une petit déflagration et ce n'est qu'un début

vous avez raison
je vous embrasse et bonne semaine