Sunday, June 22, 2014

Citation du 23 juin 2014

1 – Si la vie est misérable, elle est pénible à supporter ; si elle est heureuse, il est horrible de la perdre. L'un revient à l'autre.
La Bruyère – Les Caractères
2 – J’veux mourir malheureux pour ne rien regretter.
Le chanteur – chanson de Daniel Balavoine

            1 – Lisez La Bruyère, et puis allez fourrer votre tête dans le four de la gazinière : ouvrez le robinet du gaz.
Ou alors :
            2 – Chantez avec Balavoine, et bazardez tout ce qui fait votre bonheur : du coup vous ne risquerez plus d’être malheureux.
D’un côté, vous avez ce qu’on appelle couramment le pessimisme ; de l’autre l’optimisme : choisissez votre camp.
La Bruyère est très réaliste : sauf que, pour tout le monde, la vie est suffisamment heureuse pour qu’on regrette de la perdre (1).
Oui, mais alors nous sommes enfermés dans un dilemme : c’est parce  que nous sommes heureux que nous devons désespérer.
L’opinion courante évoque souvent pour caractériser ces deux attitudes la formule « Docteur Tantmieux » et Docteur « Tantpis ». Vous êtes heureux ? Tant pis pour vous, parce que vous allez angoisser à l’idée de ce que la mort vous fera perdre. Vous êtes malheureux ? Tant mieux ! Vous n’avez rien à craindre de la mort : elle ne pourra rien vous prendre parce que vous avez déjà tout perdu.

--> Sophismes que tout cela ! Faut-il donc vivre comme un mort pour ne pas la craindre ? Faut-il plaindre les gens jeunes riches et beaux parce qu’ils ne garderont pas toujours tout cela ?
J’ai une solution : je tâche de vivre le mieux possible, et si cela entraine une usure de mon organisme, eh bien tant mieux ! Qu’au moment du trépas je sois persuadé que plus rien de mon corps ne soit encore utilisable, parce que j’ai tout consommé : usé mon foie, encrassé mes poumons, transformé ma prostate en éponge, bouché mes artères, grillé mes neurones… 
C’est peut-être égoïste, mais je considère qu’il serait bien qu’on ne puisse plus rien prélever sur mon cadavre comme susceptible d’être greffé sur quiconque.
Alors : et vous, que faites-vous pour en arriver là ?
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(1) C’est ce que dit La Fontaine avec son bûcheron qui appelle la mort et qui la congédie quand elle vient.

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