Certes Dieu n'a pas besoin de l'existence ; c'est bien plutôt l'existence qui a besoin de Dieu.
Alain Portrait de famille
Au delà de la séduction de la formule, il y a la séduction de l’idée. Mais attention ! Pour qui cette idée est-elle séduisante ?
Sûrement pas pour le croyant, cela va de soi. Mais l’incrédule, lui, il va y souscrire ; voyez Marx et son célèbre « la religion c’est l’opium du peuple ». C’est parce que Dieu n’existe pas que nous l’avons inventé. Et nous l’avons inventé parce que nous ne savons pas comment supporter l’existence sans Lui.
Quand je lis cette citation, ce qui me séduit c’est le « Certes » qui l’ouvre. « Certes Dieu n'a pas besoin de l'existence ». Comment cela ? Comme si ça allait de soi !
... Mais oui, en fait, ça va de soi. Car Dieu est par nature au-delà de toute manifestation. Lorsque les théologiens parlent de Dieu ils ne peuvent en parler que de façon négative : ils nient en Dieu tout ce qu’on trouve en l’homme. Dieu est l’illimité, l’infini, l’Eternel ; il est celui dont la bonté est sans limites, de même que l’amour qu’il porte à ses créatures. Quand à ses colères - Dies irae - mieux vaut ne pas être là quand elles éclatent. Bref : c’est ce qu’on appelle la théologie négative.
Donc, Dieu n’a pas besoin d’existence du moins de cette existence nous pouvons percevoir. L’existence de Dieu, nous ne pouvons que la penser parce que nous ne pouvons demander à la voir, encore moins à la palper (1). C’est Pascal qui nous éclaire ici : Dieu est au-delà de toute représentation parce qu’il est infini et que l’infini ne peut qu’échapper à nous qui sommes des créatures finies.
Mais alors, comment se fait-il que nous ayons encore besoin de ce qui n’existe pas ? Le philosophe que je suis laissera à chacun la liberté d’accepter ou de récuser cette question. Mais si nous la prenons en charge, nous dirons que nous avons tous fondamentalement besoin de ce qui n’existe pas.
Ça s’appelle « objet du désir ». Ça se définit comme « fantasme »
(1) Voir message du 17 juillet
No comments:
Post a Comment