Sunday, October 08, 2006

Citation du 9 octobre 2006

A l'école, en algèbre, j'étais du genre Einstein. Mais plutôt Franck qu'Albert.

Philippe Geluck - Le chat à Malibu

D’où vient le plaisir qu’on trouve à ces jeux de mots ? De la surprise que constitue le surgissement de Frankenstein, uniquement justifié par l’assonance avec le nom du célèbre physicien ? Bien sûr. Les hommes ont toujours éprouvé du plaisir à jouer avec les sons que produit leur bouche : du tout petit qui babille, à celui qui fredonne un air en replaçant les paroles par des syllabes dénuées de signification (voir l’usage des « scats » en jazz). Mais ce goût pour les jeu de mots va plus loin : s’y affirme la croyance que les mots ont une signification qui dépend de leur sonorité, et que jouer avec celle-ci a des conséquences : rappelez-vous ce qui se passait à l’école quand le copain de classe s’amusait à déformer votre nom de façon ridicule. C’est dans cette perspective que nous nous plaçons ici.

Et en effet la bande dessinée de Geluck ne nous préoccuperait pas plus que ça si les calembours n’étaient pas utilisés aussi en philosophie (1) pour renforcer une démonstration. Oui, vous avez bien lu : pour renforcer une démonstration. L’exemple le plus ancien que je connaisse est la formule qui soutien la thèse platonicienne selon laquelle l’âme est en quelque sorte « piégée » par le corps qui l’attire vers la matière et qui l’englue dans la sensualité. « Le corps (sôma) est le tombeau (sèma) de l’âme » dit Platon : la passage du sôma au sèma est bien un jeu sur les mots, et son rôle est de confirmer la thèse développée ; tout se passe comme si Platon estimait que c’est l’identité du corps et du tombeau qui constituait l’origine de cette assonance. Comme si l’arbitraire du signe dont parlera Saussure n’existait pas, la sonorité du mot contient une part de sa signification (comme dans les onomatopées). Autrement dit, on ne se résigne vraiment pas à renoncer à la signifiance du signifiant, même quand on est philosophe !

Dans « tumeur », j’entends « tu meures ».

(1) On avait failli en parler le 6 mars 2006

2 comments:

Anonymous said...

selon laquelle

Anonymous said...

Sinon j'aime beaucoup ce que vous écrivez. C'est un de mes rendez-vous de la journée. C'est plein d'intelligence et de drôlerie.
Merci