En pardonnant trop à qui a failli, on fait injustice à qui n'a pas failli.
Castiglione - Le cortège
Supposez que vous soyez prof ou instit ou quelque chose comme ça. Vous ramassez les copies, des devoirs faits à la maison. Kévin (hé oui ! encore lui…) n’a pas son devoir, il vous supplie de ne pas lui mettre le zéro réglementaire. S’il ne l’a pas, c’est qu’il l’a oublié sur la table de la cuisine, ou bien parce que sa grand mère très malade a eu besoin de lui, ou encore il a été lui-même malade la veille et ce matin il est encore chancelant. Emu(e) par votre élève vous lui dites : « Ça va pour cette fois, Kévin, mais c’est la première et la dernière ! ».
Erreur fatale… Car aussitôt, tous ceux qui ont eu zéro la fois précédente pour la même raison protestent bruyamment. Plus tous ceux qui ont torché leur devoir sur un coin de table une demie heure avant le début des cours et qui vous font savoir que s’ils avaient su, ils auraient, eux aussi, eu une gastro la nuit précédente. Vous êtes dans l’obligation ou bien de reculer, mais alors c’est dresser Kévin contre ses copains et c’est vous déjuger ; ou bien vous devez vous justifier (Kévin est un garçon sérieux (sic) et vous lui faites confiance), et vous vous exposez aux ricanements de la classe qui vous prend pour un(e) grand(e) naïf(ve). Vous devez donc faire acte d’autorité et imposer votre décision. Vous allez dire un truc du genre : « C’est MOI qui dit la loi, et vous devez m’obéir ! » ; autrement dit vous prenez la posture de Saint-Louis sous son chêne … mais là c’est vous qui n’y croyez pas. La note ne sanctionne pas seulement le mauvais travail ; elle récompense le bon. Si vous ne savez pas ça, retournez à l’IUFM.
Autrement dit la sanction n’est pas seulement faite pour punir le crime. Elle est faite aussi pour récompenser ceux qui n’ont pas failli.
No comments:
Post a Comment