C'est ainsi, je vous le dis, qu'il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes, qui n'ont pas besoin de repentir.
Evangile de Luc, XV, 7
J’ai ici même (1) eu l’occasion de souligner combien l’Eglise avait besoin des pauvres, combien l’existence des classes moyennes, qui pourtant constitue le progrès social le plus évident pour nous, était problématique pour elle. Nous voyons maintenant qu’elle a aussi besoin des pêcheurs aux quels elle a à proposer le repentir et la miséricorde divine.
Car enfin, comment en pas être scandalisé par ces paroles, attribuées au Christ - ne l’oublions pas - qui renvoie dans les ténèbres les justes au prétexte qu’ils n’ont pas besoin de se repentir. Le message est alors celui-ci : pêchez mes frères, pêchez tant et plus, mais n’oubliez pas de vous repentir le moment venu, car alors vous connaîtrez un bonheur ineffable : celui de rentrer dans le giron de Dieu… Le bonheur n’est rien d’autre qu’un changement d’état : plus grand est le changement, plus grand est le bonheur (2).
Deux observations :
- si le bonheur est lié à ce repentir alors il dure ce que dure le repentir ; dès que le pardon a été accordé, le bonheur cesse avec la permanence d’une éternité à la droite du Seigneur. Bizarre.
- Ensuite, si l’on écoute Luc, le chrétien devrait rechercher plus le bonheur que la justice. S’il y avait un bonheur pour les méchants, alors c’est la méchanceté qu’il faudrait valoriser…
On dira que ce texte est destiné à la consolation, que les hommes sont par nature des pêcheurs et que l’espérance est le moteur de leur conversion morale - sinon religieuse - Soit, mais c’est nous considérer comme des petits enfants aux quels on promet une friandise pour les tenir tranquilles. Car être juste n’est-ce pas une fin en soi ? Faut-il donc subordonner la justice au bonheur ?
(1) C’était le 18 août et c’était déjà pour commenter Luc.
(2) Si ce n’était pas blasphémer, je dirais bien que c’est l’histoire du fou qui se donne des coups de marteau sur la tête et qui se justifie en disant : « Oui, ça fait mal… Mais qu’est-ce que c’est bon quand ça s’arrête ! »
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