« il est nécessaire de joindre au désir du bon le désir de l'immortalité, puisque l'amour consiste à aimer que le bon nous appartienne toujours. Il s'ensuit donc que l'immortalité est aussi l'objet de l'amour. »
Platon - Le Banquet (205e-207a)
Toi et moi…Amour…Toujours… pour l’Eternité…
Stop !!! Arrêtez ces fadaises ! Tiens, en voilà deux qui s’aiment :
Les Amants trépassés - Musée Notre-Dame Strasbourg
En plein dans le buffet, hein ?
C’est vrai que l’amour ne peut que rechercher l’éternité, puisqu’elle seule peut nous donner le bonheur («aimer que le bon nous appartienne toujours ») et en même temps nous savons que notre condition de mortel y fait obstacle. D’où le thème récurrent des amants figés dans une éternelle jeunesse par une mort précoce. L’amour est jeune ; il est éternellement vivant. Voilà les deux principes qui sont violés par ce tableau (1).
C’est pour répondre à ça que Platon a écrit le Banquet (2).
J’exagère à peine : voyez vous-mêmes. D’abord, l’Eternité que cherche l’amour est celle de l’immortalité pour soi : l’autre (l’aimé) n’est ici qu’un moyen d’y accéder. De plus, aimer, c’est désirer engendrer. Il existe deux types de procréation, selon le corps et selon l’âme, en rapport avec les deux types d’immortalité aux quels nous pouvons accéder.
Et en effet, de quelle immortalité peuvent jouir les mortels ? Il en est de deux sortes :
-L’engendrement selon le corps et l’immortalité des corps : c’est par la procréation d’enfants que nous pouvons nous immortaliser, en laissant après nous un être qui prendra notre place et qui nous perpétuera.
- L’engendrement selon l’âme et l’immortalité de l’âme : le désir d’engendrer porte cette fois sur les œuvres de l’esprit que notre âme porte en elle. Et ces œuvres nous immortalisent par le souvenir qu’elles perpétuent de nous ; l’exemple en est Homère dont les œuvres restent dans toutes les mémoires.
L’amour qui réussit est donc celui qui nous mène à l’immortalité véritable par la création spirituelle. C’est l’amour platonique, plus «Plato(n)» que «nique».
Oups !... Pardon ! Je ne recommencerai plus. Promis.
(1) Faut-il le dire ? Ces cadavres sont des cadavres de vieux.
(2) Voir aussi les messages du 6 avril et du 23 septembre
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