Un passant est interpellé par une milice dans une rue de Belfast : « Catholique ou Protestant ? »
Le passant : « Je suis athée. »
Le milicien : « Athée catholique ou athée protestant ? »
Anonyme
- Ça y est ! Oui ! J’ai compris ! Ça veut dire : « Choisis ton camp, camarade, et essaie pas de te défiler. Si t’es pas avec nous, alors tu es contre nous ».
- C’est tout ? Depuis que je vous fais lire des citations qui interpellent et des commentaires qui dérangent, c’est vraiment tout ce que vous avez trouvé ?
Je veux bien essayer encore une fois, mais c’est vraiment la dernière.
Cette histoire pourrait illustrer si besoin en était l’interrogation de ce Troisième Millénaire (1). Peut-on être vraiment, authentiquement, athée, ou bien n’est-on jamais qu’en rupture de ban avec une religion ? Par exemple, je pourrais dire que je suis athée, simplement parce que je déteste les catholiques (ou quelque religion que vous voudrez) : « Athée catholique » ; mais, si vous me proposez de les douces méditations du Bouddhisme ou la soif de néant de l’Indouisme (ou son panthéon si coloré), alors, oui, peut-être que je me laisserais tenter.
Bref, la questions est : « Que faut-il nier (ou : que faut-il affirmer) pour être athée » ?
La réponse n’est pas si simple. Si on dit : il suffit denier Dieu, alors rappelons encore une fois que le Bouddhisme n’implique nullement la reconnaissance d’un être divin. Et de toutes façons, si on met côte à côte toutes les représentations de la divinité, de l’animisme au monothéisme, on a un inventaire à la Prévert ! Suis-je vraiment sûr d’arriver à nier toutes les représentations imaginables de Dieu?
Dirons-nous alors : il faut en plus le refus de pratiquer le culte ? Ou de reconnaître l’autorité des prêtres ? Ou de croire aux révélations du Livre ? Alors reportez-vous à ce que le XVIIIème siècle appelait « religion naturelle » (chez Rousseau par exemple) : le religion est la voix de Dieu qui parle au cœur des hommes. Toute médiation est dénaturation, la refuser, c’est cela précisément être religieux. Voilà tout.
Je proposerai la réponse suivante : le véritable athée est selon moi celui qui refuse de croire à l’immortalité de l’âme. Il est celui qui affirme que la mort est anéantissement, que rien ne survit, et sur le plan philosophique il affirme que la matière suffit à produire l’esprit ; bref c’est un matérialiste. Donc, l’athée n’est pas prioritairement celui qui nie l’existence de Dieu, mais celui qui nie la survie après la mort. Vu ?
- Ouais… Ça m’interpelle grave.
(1) Dont, comme on sait, Malraux avait prophétisé qu’il serait religieux ou qu’il ne serait pas.
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