L’enfant est un pervers polymorphe.
Sigmund Freud
C’est avec des formules comme celles-là que Freud a fait scandale à Vienne au début du XXème siècle. Comment, disait-on, le petit enfant dans l’innocence de ses origines, lui qui n’a jamais fait le moindre mal, qui n’a jamais conçu le moindre vice…Comment serait-il pervers ? Pire encore : comment serait-il un pervers polymorphe, c’est à dire ayant toutes les formes de perversion ?
Mettons-nous d’accord sur le sens des mots. La perversion est une conduite qui peut être définie de trois façons différente : dans un premier sens, elle est un concept moral, qui désigne la corruption du bien en mal ; c’est le vice. Selon les juristes, elle est un délit ou un crime : second sens. Mais Freud prend la perversion dans un troisième sens : il s’agit d’une déviation par rapport au comportement sexuel génital procréatif, mettant en jeu d’autres partenaires (enfants, vieillards, cadavres, personnes du même sexe, animaux…), d’autres zones du corps (…), et/ou subordonné à certaines conditions extérieures (fétichisme, sado-masochisme). L’enfant est un pervers « polymorphe » parce que ces perversions il les a. Toutes.
La sexualité infantile n’est plus un tabou de nos jours, et on sait que les petits garçons de tripotent le Kiki dans la cour de récré de la maternelle, et que les petites filles font des choses bizarres avec le gros nounours en peluche dans leur lit. Mais tout de même, ça coince… On voudrait encore que la perversion soit comme on l’a vu une déviation par rapport à la normale, c’est à dire que l’enfant est d’abord normal, et puis ensuite - et ensuite seulement - qu’il soit dévié par quelque influence qu’on voudra ; c’est alors seulement qu’il deviendrait pervers. Voyez le sadisme. Les enfants sont méchants, votre voisine vous le dira. Mais pas tous… ou pas tout de suite… Mais qu’ils soient spontanément, fondamentalement sadiques, qu’ils le soient sans avoir besoin de le devenir, ça reste difficile à croire. Ou plutôt, on ne veut pas y croire, même si le petit Tom guillotine son lapin en peluche à l’âge de deux ans. Tenez, vous êtes vous demandé pourquoi les fabricants font des tests de résistance à l’arrachement sur les yeux des nounours ?
Les chrétiens ont une réponse : c’est le péché originel.
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