Autre règle : si peu que l'on parle, on parle toujours trop. Le chapeau d'un homme d'État ne devrait jamais savoir ce que pense sa tête.
Edouard Herriot - Jadis (**) D'une guerre à l'autre 1914-1936
Le chapeau d'un homme d'État ne devrait jamais savoir ce que pense sa tête…
Belle formule n’est-ce pas, pour dire que la pensée d’un homme politique ne doit pas « transpirer », qu’elle doit être si secrète que personne, si proche de lui qu’on voudra ne doit la connaître.
Je ne sais pas quelles réflexions cela suscite en vous, mes chers lecteurs, mais je me doute que vous devez faire des rapprochements étonnés avec ce que nous entendons à présent.
La mode en politique est à la transparence, à la sincérité, à l’improvisation de discours ou de propos qui ne laisse – semble-t-il – aucune possibilité à la dissimulation.
Aujourd’hui est venu le règne de la démocratie participative, de la proximité, de la compassion : voilà qui impose aux citoyens une confiance absolue dans les propos de l’homme politique. Ce qu’il dit, il le pense, il le pense vraiment, et ce n’est sûrement pas quelqu’un qui a peur de trop parler.
D’ailleurs, comble de la sincérité, Notre-Président nous donne l’exemple de l’homme qui nous fait même participer aux méandres et aux aléas de l’invention de sa pensée. Aujourd’hui, je promets aux ouvriers menacés de licenciements que l’Etat va les secourir et les protéger ; demain je dirai autre chose, parce que voyez-vous, il faut bien être pragmatique…
Alors, si vous êtes de ceux qui croient encore que tout ça est calculé, que même ces méandres sont en fait des manipulations et qu’il n’y a que les pauvres naïfs qui se laissent encore berner par ces manœuvres ; si vous croyez que nos hommes politiques ne mettent plus de chapeau parce qu’ils n’ont même plus besoin de ça pour empêcher leur pensée véritable de sortir de leur cerveau, alors allez consulter un psy, vous êtes sûrement entrain de faire une bonne crise de parano.
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