Autrefois, le chemineau faisait horreur ; le saltimbanque était méprisé : les sédentaires se jugeaient supérieurs aux errants. Aujourd'hui, l'homme immobile regarde l'homme bolide écraser sa volaille et disparaître dans une poussière de gloire.
François Mauriac – La Province, p.55 (1964)
La vitesse : voilà qui faisait encore rêver en 1964. Il y avait de la gloire à soulever la poussière de la route, quitte à écraser les poules.
Aujourd’hui, 45 ans plus tard, plus de poules sur le bord de la route, plus de poussière soulevée, plus de vitesse pour cause de réchauffement climatique, mais aussi plus de rêve.
Quand le Concorde a été mis au rancart, a-t-on regretté un avion qui volait à mach 2 ? Pas du tout : ce n’était plus alors qu’un bel oiseau.
Où sont donc les petits MG, et les Aston-Martin des années 60 où se pavanaient les play-boys de l’époque ?
1960 !... Années bénies où pour être marginal il suffisait de rouler en Coccinelle (qui planait à 110 Kms heures) ou en Deuche.
Plus de rêve… Ou peut-être, d’autres rêves ?
Qu’est-ce qui fait rêver les jeunes aujourd’hui ? Il ne m’appartient peut-être pas de répondre à cette question, mais j’ai bien le droit de la poser.
La voiture qui fait rêver aujourd’hui a des performances qui se mesurent en grammes de CO2 au kilomètre. Les super-ordis, les baladeurs MP3 qui font des perfs high-tech sont aussi ceux dont le recyclage est garanti, et dont la fabrication n’a pas contribué à détruire la forêt amazonienne.
Ne croyez pas que les quinquas qui courent après ce qui fait Bling-Bling soient dans le coup. Les jeunes, eux, ils savent que la mode, c’est de relier leur Rolex à des capteurs photovoltaïques.
Ça c’est tendance.
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