La fraternité n'a pas ici-bas de pire ennemi que l'égalité.
Gustave Thibon – Diagnostics
Etrange idée… pourquoi donc opposer fraternité et égalité ? La devise de notre République serait-elle donc grevée d’une contradiction depuis plus de deux siècles sans que nous nous en soyons aperçus ?
Et pourquoi deux frères ne seraient-ils pas égaux ? N’est-ce pas au contraire la condition de la fraternité ?
Je ne sais pas ce que Thibon répondrait à ces objections, mais je considère qu’en effet l’égalité et la fraternité ne vont pas forcément ensemble.
La fraternité suppose un lien, une relation. Ce qui est fraternel, c’est un certain rapport que j’entretiens avec autrui.
J’entends bien que l’égalité suppose un rapport : on n’est pas égal tout seul tout de même !
Oui, mais alors que le fraternité est qualitative, l’égalité est quantitative : c’est aux sentiments et au devoir moral que fait référence la fraternité, alors que l’égalité se borne à constater l’identité des droits.
Ainsi, alors que la fraternité ne peut exister sans une réalité éprouvée, l’égalité peut très bien quant à elle être une pure abstraction.
Est-ce une raison pour dire qu’elle est la pire ennemi de la fraternité ?
C’est possible, sans toute fois être certain. En tout cas on peut trouver des exemples où l’égalité exclut la fraternité.
Prenez les concours. La justice dans un concours, c’est que les conditions soient égales pour tous, sans quoi on va crier au scandale. Mais bien sûr, il n’est pas question de fraternité ici : que mon frère passe le même concours que moi, et je serai encore heureux de le battre en arrivant devant lui.
Bref, l’égalité, c’est la porte ouverte à l’individualisme. La fraternité, c’est la solidarité.
Trouverait-on alors normal qu’au nom de la fraternité on tolère – voire même on exige – l’inégalité ?
Bien sûr : voyez les discriminations positives.
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