Friday, June 17, 2011

Citation du 18 juin 2011

Dans l'ardent foyer de ta chevelure, je respire l'odeur du tabac mêlé à l'opium et au sucre ; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l'infini de l'azur tropical ; sur les rivages duvetés de ta chevelure je m'enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco.

Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris - Petits poèmes en prose

Marie-Madeleine –Tableau du Titien

Impossible de penser à la chevelure des femmes sans penser à Marie-Madeleine, la pécheresse de la tradition catholique, celle que Jésus aurait aimée (=blasphème ?). Quoiqu’il en soit, partout nous en retrouvons la représentation avec une abondante chevelure, qui sans toujours atteindre au paroxysme érotique du Titien, n’en est pas moins prégnante.

Toutefois, la poésie de Baudelaire met l’accent sur un aspect que la peinture ne peut rendre : l’odeur des cheveux (1).

A lire cette citation on pense aux dégustateurs de vin, qui découvrent dans une gorgée toutes les richesses de la nature. Avec Baudelaire, de même que dans un verre de vin, tout l’orient se livre avec ses enivrantes fragrances – dans une mèche de cheveu.

Des saveurs du vin aux odeurs des cheveux il n’y a qu’un pas, tant il est vrai que même pour le vin c’est avec le nez qu’on le déguste.

Si l’abondante chevelure des femmes trouble les hommes (qu’on se rappelle les interdits religieux portant sur l’exhibition des cheveux féminins dont le foulard islamique est le dernier avatar), c’est bien sûr pour leur texture et le contraste qu’ils entretiennent avec le corps de la femme (mis splendidement en évidence par le tableau du Titien) – mais c’est aussi par leurs odeurs, sensibles uniquement à leurs amants.

Messieurs, si votre épouse porte une chevelure coupée courte, demandez-lui comme une preuve d’amour qu’elle se laisser pousser les cheveux, et puis allez y retrouver le tabac, l’opium et le sucre.

Si ça ne marche pas changez de femme – ou bien débouchez une bonne bouteille.

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(1) C’est la raison pour laquelle je préfère citer le Poème en prose plutôt que les Fleurs du mal (également ici) : son propos est plus étroit, mais plus facile à mettre en évidence.

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