L’État consiste en un rapport de domination de l'homme sur l'homme fondé sur le moyen de la violence légitime (c'est-à-dire sur la violence qui est considérée comme légitime). L'État ne peut donc exister qu'à la condition que les hommes dominés se soumettent à l'autorité revendiquée chaque fois par les dominateurs
Max Weber – Le savant et le politique
Deux idées dans ce texte :
- La première qui est bien connue, est la définition de l’Etat par Max Weber, comme institution détenant le monopole de la violence légitime.
- La deuxième, que l’Etat n’existe qu’à la condition que les hommes se soumettent à son autorité.
Plutôt que de dire pas d’Etat sans la force, disons pas d’Etat sans la soumission – donc pas d’Etat sans autorité.
Je ne reprendrai pas l’analyse de l’autorité, (on peut si on veut se reporter à mon Post du 12 mai 2007) ; par contre je trouve que cette citation de Weber éclaire un aspect des révolutions (révoltes ?) du monde arabe. On y trouve en effet un étonnant mode d’action des révoltés de Tunis ou du Caire (imités maintenant par les espagnols) : ils se sont, semble-t-il, contentés de se réunir dans de vastes rassemblements pour contester la légitimité du pouvoir.
Etrange idée en effet que de dire : pour abattre le pouvoir, allons protester sur une place publique, allons dire combien le chef de l’Etat est méprisable, et combien nous voulons qu’il parte. Et puis ? Fait-on des barricades, jette-t-on des pavés sur la police, va-t-on assiéger la chambre des députés ? Pas du tout.
Ce mode de contestation pourrait-il essaimer chez nous ? Pourquoi pas ?
--> Allez sur la place de la Bastille avec tente de camping et sac de couchage. Prévenez que chaque soir vous crierez votre dégout de Notre-Président et puis couchez sur place.
Je ne dirai pas que ça suffira à tous les coups, mais ni Ben Ali, ni Moubarak n’ont résisté bien longtemps à ce régime. Leur autorité étant bafouée, il leur restait la violence – mais pas la légitimité.
Voilà donc des révoltes non violentes – et, vous savez quoi ? Le grand oublié de ces contestations, c’est Gandhi.
On parle parfois de l’été indien, mais après le printemps arabe, on pourrait aussi parler du printemps indien, qui n’était pas mal non plus.
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