Saturday, June 04, 2011

Citation du 5 juin 2011

La destinée de cet homme [Ledru-Rollin] devait forcément aboutir au ridicule.

Un jour, le flot populaire traverse la rue, et le grand meneur cède aux premiers braillards qui l'acclament.

On l'entraîne ; on le jette dans le guêpier d'une Convention pour rire, et ce dictateur avorté se console avec ce mot qui le peint de pied en cap : "- Eh ! je suis leur chef, il fallait bien les suivre !"

Eugène de MIRECOURT – Ledru-Rollin

Je suis leur chef, il fallait bien les suivre ! (1)

Jolie formule, mais qui risque bien de ne pas nous faire rire si nous songeons qu’elle prophétise ce qui va arriver lors de la prochaine campagne électorale pour les élections présidentielles.

J’explique : la crise actuelle nous a montré que les chefs politiques étaient bien incapables de gouverner : il leur fallait se transformer en économistes, transformer l’Etat en banque, et suivre les méandres du CAC 40.

Ou alors prendre la parole pour dire :

- Vous trouvez normal que les traders fassent la pluie et le beau temps ? Moi, votre chef, je vais mettre tout ça au pas !

Bref, il s’agit ou bien de suivre les mécanismes de la finance en lui obéissant ou bien de suivre l’opinion en lui promettant tout ce dont elle rêve.

En campagne électorale, le candidat ne cherche le plus souvent qu’à suivre l’opinion ̶ la seule question qu’il se pose alors, c’est : que veut le peuple ?

- Plus d’argent en fin de mois !

- Moins d’impôt !

- La retraite à 60 ans !

- Plus d’étrangers qui nous polluent notre belle France !

- Plus du tout de radars sur les routes !

Oui, vous l’avez compris : plus la marge d’action des politiques diminue, plus ils se lancent dans la démagogie : ils n’ont rien à perdre, puisque les possibilités d’action sont réduites comme peau de chagrin – à promettre la lune ils gagnent au moins la bataille de l’opinion.

A quoi bon promettre le partage équitable, la justice sociale, les soins accessibles à tous, des instits dans les écoles ? Quand l’ambition n’est que de conquérir le pouvoir mieux vaut suivre la rumeur que de prétendre la gouverner.

Mais finalement, c’est se donner du mal pour pas grand-chose : les peuples – européens du moins – à chaque élection se contentent de virer les gouvernants en place. Qu’importe qui va les remplacer ? Ce qui compte c’est de sortir les sortants.

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(1) Nous sommes loin de la fière injonction de La Rochejacquelin ! (voir ici)

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