Ce n’est pas tout d’être mon père, / Il faut aussi me plaire. / Etre mon fils ce n’est pas tout, / Il faut me plaire itou.
Georges Brassens – Chanson (paroles ici ; vidéo (approximative) ici)
Le sort fait les parents, le choix fait les amis.
Abbé Delille - Malheur et pitié (cité le 16.02.07)
Certes, la chanson de Brassens n’est peut-être pas du meilleur cru (d’ailleurs j’imagine qu’elle était restée inédite à sa mort), mais au moins elle a le mérite de dire les choses clairement : être un père et aussi l’ami de son fils, voilà qui est désirable – tout comme être un fils et l’ami de son père itou.
Et pour cela il faut aussi plaire, ce qui signifie qu’il ne devrait y avoir que des fils adoptifs et des pères adoptés.
Occasion en ce jour de Fête des pères de dégonfler cet abus qui consiste à valoriser la paternité biologique, elle qui est donnée par la nature et pas du tout par l’amour filial. C’est d’ailleurs ce qu’expérimentent les innombrables enfants amalgamés à des parents inconnus dans des familles recomposées. Oui : comment des petits enfants à qui on dit « Tiens, voilà ton nouveau papa » peuvent-ils réagir ? Si leur père biologique était aussi leur ami, ça ne passera pas : ils changeraient plus facilement de père que d’ami.
Si ce que je viens d’écrire vous a vraiment choqué, vous m’intéressez : c’est que sans doute vous pensez que la paternité biologique porte avec elle quelque chose de plus que des gènes, ou alors que les gènes portent plus que de quoi construire un corps.
Dites-moi si c’est bien ça – et qu’est-ce que ça apporte de plus ?
Mais si on s’insurge contre l’hypothèse que la filiation naturelle a peu d’importance – en tout cas moins que la filiation liée à l’amour paternel et filial – qu’on se rappelle le cas des fameux Trobriandais : eux, la paternité naturelle ils ne connaissaient et pas (1). Par contre l’appartenance au clan ou au totem, ça oui : ça avait de l’importance.
C’est comme ça que certains pères, membres d’un club de supporters, y inscrivent leur fils dès sa naissance – parfois même avant. Avant d’être leur fils ce petit sera un Boulogne Boy.
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(1) « Lorsque l'on demande à un Trobriandais d'expliquer la procréation, il répond que la femme est fécondée par un "esprit", et nullement par son époux. Si on leur demande à quoi bon se marier, si les esprits suffisent à féconder les femmes, ils vous répondront : les femmes se marient pour avoir des rapports sexuels avec un homme. Ce qui dans leur système de représentation n'a pas de signification triviale. » Lire la suite ici
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