L'ambition, souvent, fait accepter les fonctions les plus basses ; c'est ainsi qu'on grimpe dans la posture où l'on rampe.
Jonathan Swift – Pensées sur divers sujets moraux et divertissants
Voici le paradoxe de Swift : comment peut-on par ambition accepter les fonctions les plus basses ? Tous ceux qui occupent des emplois subalternes – ou jugés tels – le diront : s’ils occupent de telles fonctions c’est pour nourrir leur famille – ce qui n’est déjà pas si mal – et sûrement pas par ambition.
Examinons ce qui se passe dans les staffs (politiques ou d’entreprises) : ceux qui ont l’ambition de grimper dans l’organigramme ne vont pas prendre la serpillère et faire la femme de ménage.
C’est qu’il y a deux types de fonctions « les plus basses » :
- Il y a celles qui humilient quand on les accomplit,
- et puis il y a celles qui salissent les mains quand on les effectue.
On peut admettre qu’on pense ici que les ambitieux qui veulent se rendre indispensables ne se bornent pas à éviter à leurs maitres de se salir les mains, mais qu’ils leurs épargne plutôt de salir leur réputation.
On comprend également que, généralisant, Swift songe aussi que l’humiliation est nécessaire pour accéder au pouvoir, que c’est par elle qu’on peut rester dans l’ombre des puissants, parce qu’on grimpe dans la posture où l'on rampe.
Reste qu’à se focaliser là-dessus on oublie peut-être qu’il y aura le moment où les obscurs courtisans, les zélés exécuteurs des basses œuvres, ceux qui acceptent d’effectuer les tâches humiliantes et de recevoir des coups de pieds en récompense, se métamorphoseront en dragon qui crache des flammes et carbonisent ceux qui les ont humiliés.
Rappelons-nous une phrase entendue à propos de Xavier Bertrand, désigné chef de l’UMP par le Président Sarkozy : « Tu donnes les clés de l’UMP à Xavier ? N’oublie pas d’en garder un double. »
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