Wednesday, June 15, 2011

Citation du 16 juin 2011

Les inclinations naissantes, après tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l'amour est dans le changement.

Molière

Voilà qui va faire plaisir aux amants volages, et devrait consoler ceux qui ne le sont pas.

Pour les volages qui ne seraient toutefois pas des séducteurs, ils trouveront ici une raison de plus de papillonner, puisqu’il ne s’agit pas de faire une fois encore l’éloge de la séduction, elle qui se complait non aux inclinations naissantes, mais bien au paroxysme de la possession.

Et que ceux qui gémissent parce qu’ils ont été plaqués par leur bien aimé(e), se disent qu’ils ont au moins gagné cette liberté de renaitre à l’amour.

Molière nous invite à jouir de la légèreté des amours naissantes, ce qui veut dire : ne pas se complaire dans une passion torride et dévastatrice ; mais ne pas non plus rechercher ces amours qui commencent au berceau et finissent au cercueil : n’être ni Romeo et Juliette, ni Ophélie. Mais également, n’être pas non plus le jouisseur qui abuse des femmes de chambres à la sauvette. Non, car il s’agit ici de sentiments, d’émotion, de légèreté des inclinations naissantes.

On pense alors à Kundera qui justement, explique dans son roman que la légèreté de l’être est indispensable dans la perspective de l’éternel retour. Si les héros du roman refusent la passion, c’est pour rester libres, c’est-à-dire sans engagement ; mais ce qu’ils veulent surtout, c’est aimer ce qui ne dure pas : parce qu’avec l’éternel retour, il va falloir le revivre et le re-revivre et cela indéfiniment.

Toutefois, on ne doit pas oublier ce que Molière souligne ici : il ne s’agit pas d’effleurer l’amour. Il s’agit de le vivre pleinement – mais tel qu’il est à ses premiers débuts. Un peu comme si on revivait indéfiniment les premières étapes de l’amour, évitant ainsi la Cristallisation. En parlant de « premières étapes », je veux dire : les toutes premières, de sorte qu’en aimant une femme on évite de perdre toutes les autres (1)

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(1) Allusion à la chanson de Gainsbourg citée ici.

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