"Je crois parce que c'est absurde."
Tertullien ou Saint Augustin (indécis, selon les sources)
Amphigouri (subst masc) Discours ou écrit burlesque, volontairement obscur ou incompréhensible. Voilà la définition qui s’applique semble-t-il à cette citation : comment croire ce qui est absurde ? Ne fait-il pas pour croire avoir une bonne raison de la faire ? Et cette raison ne détruit-elle pas l’absurdité ? Et si, comme l'indique le contexte, cette croyance est la foi en Dieu, c'est encore plus inquiètant.
Saint Augustin (cette fois-ci c’est bien lui) prétend sortir de l’amphigouri par la nature infinie donc incompréhensible (pour la créature) de Dieu : "Si tu le comprends, ce n'est pas Dieu.".
Dont acte.
Pourtant tout cela veut dire que le religieux est le lieu du miracle, et que le miracle est l’incompréhensible. A Lourdes, c’est l’échec de la médecine à rendre compte de la guérison qui est le signe du miracle ; ce n’est pas même la piété du miraculé, car ce serait déjà un début de rationalisation. D’abord croire, ensuite prier ; et pour finir guéri ? Non : trop facile.
Mais l’essentiel n’est pas là, ou pas seulement. Si l’objet de la croyance est « absurde », c’est parce que nous ne pouvons ni donner un sens, ni établir une connaissance. Leibniz admet que le miracle existe : il correspond à cette partie de la création dont la compréhension dépasse notre entendement. Mais ce n’est pas pour autant quelque chose d’irrationnel : notre raison devrait pouvoir comprendre si sa puissance était celle de Dieu. Ainsi le miracle ne doit pas nous conduire à abandonner nos vérités ; entre l’ordre naturel et le miraculeux, il ne doit pas y avoir contradiction, mais seulement différence. Votre maladie est guérie sans qu’on sache pourquoi, néanmoins on sait que, scientifiquement, vous l’êtes.
C’est déjà ça.
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