Thursday, February 02, 2006

Citation du 2 février 2006

- Oublier, oublier, comment puis-je oublier ?

- L’oubli, mon ami, c’est ce que tu trouveras quand tu ne le chercheras plus.

Anonyme

Oui, comment oublier ? C’est ce que se demande l’amoureux éconduit, l’homme victime d’un deuil cruel, tous ceux à qui la vie réserve un coup de Trafalgar.

Cherche-t-on l’oubli comme on cherche sa paire de lunette égarée au fond du tiroir ? Pourtant l’oubli ce n’est pas quelque chose comme un objet ; l’oubli, ce n’est que l’absence du souvenir : comme tel il n’existe pas. Oublier donc c’est ne plus se rappeler : comment pourrait-on le trouver ?

Il est très simple d’oublier : il suffit d’effacer le souvenir : on ne trouve pas l’oubli, mais on perd le souvenir ; ce serait donc aussi simple que de vider la mémoire d’un disque dur ? Ça se saurait, et justement personne ne gémirait en l’espérant. Donc répondra le bon sens, on ne trouve l’oubli que si on cherche quelque chose d’autre. Quelque chose comme un gros pavé attaché au souvenir et qui permet de le couler à pic : l'oubli c’est une force d’inertie.
Nietzsche dira que l’oubli c’est au contraire une force active qui habite la conscience ou plutôt qui hante l’esprit, car la conscience n’est justement que la somme des souvenirs. Pour oublier il faut être de la race de ceux qui n’impriment pas de souvenirs, parce qu’ils n’en ont que faire. Se souvenir, c’est tenir la comptabilité de nos joies et de nos peines pour les thésauriser ou pour les faire payer. Oublier c’est être dans l’action qui se projette dans l’avenir sans se soucier des traces qu’elle laisse dans son sillage, de tout ce qui justement peut devenir souvenir. Ne dit-on pas à celui qui s’excuse de nous avoir offensé : « Ne vous excusez pas je n’avais même pas remarqué… »

C’est donc en « oubliant » de se souvenir qu’on peut oublier…

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