Sunday, June 18, 2006

Citation du 19 juin 2006

"Il n'y a que les huîtres et les sots qui adhèrent."

Alain

Il n’y a pas longtemps, notre premier ministre apostrophait les journalistes agglutinés à la sortie de l’immeuble, les comparant à des « moules attachées à leur rocher »(1). On voit avec Alain que ce n’est pas un compliment. Qu’est-ce à dire ?

Alain est un philosophe-citoyen, politiquement engagé (parti radical), il n’est pas le philosophe du retrait de la vie publique, il n’est pas non plus l’épicurien soucieux de sa tranquillité. Mais ce qu’il refuse c’est de devoir suivre la ligne du parti, c’est de perdre son pouvoir d’examiner et de critiquer. Par exemple, Alain, c’est le philosophe qui voit dans le droit de vote le pouvoir de congédier et donc de contrôler les hommes au pouvoir. Selon lui, les gouvernants seront soucieux du bien des citoyens, non pas forcément par loyauté, mais au moins parce qu’ils savent que leur mandat peut leur échapper s’ils ne respectent pas leurs engagements.

Adhérer à un parti, c’est donc perdre ce pouvoir ; mais il n’y a pas de démocratie sans délégation du pouvoir. Je ne peux voter contre (donc me détacher) qu’en votant pour (donc en adhérant) ; ainsi, qu’importe les motifs qui font que Jacques Chirac a été élu par 86% des citoyens en 2002 ? Il a le pouvoir. Il en fait ce qu’il veut, dans la limite de la Constitution bien entendu.

Au fond ce qu’il y a de pernicieux dans la formule d’Alain, c’est qu’elle pousse dans la direction d’un scepticisme politique. J’entends par là l’attitude qui consiste à voir dans l’action politique une manipulation (le mot est à la mode) par la quelle les politiciens, ambitieux ou incapables, trahissent les électeurs. Contre quoi on sait ce que suggèrent les partis totalitaires, et à quelle dérive cela conduit.

(1) A vrai dire, on avait d’abord cru qu’il les avait traités de fonctionnaires, mais ça n’était qu’une erreur due à l’acoustique des lieux

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